Un mur tagué à Essaouira, Maroc © Gilles Denizot 2016
#off2africa, maroc, voyages

#Off2Africa 3 Essaouira Maroc

Quelle belle journée c’était : du soleil, du soleil, du soleil !


Pourtant, je me suis réveillé, angoissé, en sursaut ; et puis cela passe… J’ai longuement marché. Je fais des kilomètres chaque jour, sans but, juste aller droit devant. Il faisait doux sur la plage, une excellente raison d’aller respirer le bon air et prendre des couleurs ; cela fait du bien à la peau. #Off2Africa 3 Essaouira Maroc

Un mur tagué à Essaouira, Maroc © Gilles Denizot 2016

J’ai déjà rencontré le vendeur de drogue (non, je ne pense pas qu’il soit judicieux de goûter à ton opium, merci quand même…). Le barbier qui insiste pour que j’entre et le marchand qui veut me montrer ceci et cela. Le policier en civil (je savais bien qu’il ne fallait pas acheter d’opium…), les Italiens et leurs copines. Les boutiquiers m’appellent Gilles ou Moustaches, bref, je suis déjà connu dans la médina. Il faut dire que je me plais toujours dans le sud ; les gens ont moins dans le portefeuille, mais plus dans le cœur. Alors, je souris à l’aventure ! Cependant, j’ai commencé à penser aux prochaines étapes du voyage. Il serait trop confortable de rester à Essaouira et je dois poursuivre mon chemin.

Un gnawa sur la place Moulay Hassan © Gilles Denizot 2016

Avant que le soleil ne disparaisse, je suis passé au souk pour acheter des olives et du pain. Cela m’a fait mon repas, avec une glace aussi. De retour dans mon cocon au riad, je regarde Timbuktu, un film de 2014 du réalisateur mauritanien Abderrahmane Sissako. Le thème principal de son œuvre est l’exil, le déplacement. Il peint l’Afrique avec des touches autobiographiques. En 2015, il devient le premier cinéaste africain à obtenir le César du meilleur réalisateur pour Timbuktu.

Le cinquième film de Sissako est inspiré par la véritable histoire d’un jeune couple non-marié lapidé par des islamistes dans une région du nord du Mali. Pendant l’été 2012, le couple a été amené au centre de son village, placé dans deux trous creusés dans le sol, et lapidé jusqu’à ce que mort s’ensuive devant des centaines de témoins. Le film est tout aussi dur à regarder qu’il est magnifique.

Au Mali, des islamistes envahissent la ville de Tombouctou et y imposent la charia. Ils bannissent la musique, le football, les cigarettes, procèdent à des mariages forcés, persécutent les femmes et improvisent des tribunaux qui rendent des sentences injustes et absurdes. Malgré la férocité de leur répression, la population résiste avec courage, souvent au nom d’une autre conception de l’islam.

Timbuktu – Bande-annonce

J’ai toujours voulu aller à Tombouctou. Je suis proche de la Mauritanie, proche du Mali aussi ; si je passais mon anniversaire à Tombouctou ? Mais, la région n’est pas sécurisée. Depuis les bouleversements vécus par le Mali, la ville aux 333 saints court le risque de disparaître, ses trésors et sa mémoire avec. Selon France Diplomatie (les couards qui n’ont rien fait pour me soutenir dans mes démarches avec l’Inde), l’état d’urgence sur l’ensemble du territoire malien a été prolongé le 30 juillet 2016 jusqu’au 29 mars 2017. Initialement, je pensais marquer mes cinquante ans en louant un shikara (un bateau-maison traditionnel) sur le lac Dhal au Cachemire, mais, là aussi, les gouvernements se mêlent du bonheur des gens. Si seulement on nous laissait vivre notre vie comme nous l’entendons, sans frontières ni contraintes idéologiques et religieuses, en paix !

Ce n’est pas un hasard si le Songhaï, avec Tombouctou, sa principale ville, réalisa […] à la veille de la Renaissance européenne, la civilisation africaine la plus riche, sinon la plus brillante, parce que la plus humaine.

Léopold Sédar Senghor

#Off2Africa 3 Essaouira Maroc
Lundi 28 novembre 2016


Durant #Off2Africa, j’avais pour habitude de ne partager qu’une photo par jour, sans légende.
Celle du jour figure en haut de ce récit ; en voici d’autres…