#Off2Africa 12 Dakhla Sahara
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#Off2Africa 12 Dakhla Sahara occidental

Levé trop tard, j’ai raté le départ des taxis collectifs vers la Mauritanie


J’ai entendu qu’on peut trouver des chauffeurs vers l’hôtel Sahara. Je vais quand même essayer. Avec un peu de chance, j’aurai les infos et une place pour le voyage de demain… #Off2Africa 12 Dakhla Sahara occidental

#Off2Africa 12 Dakhla Sahara

Me voilà à demander au garçon de café du Sahara s’il ne connait pas un chauffeur pour m’emmener à Nouadhibou… La scène fait un peu polar de série B, je prends ma gueule de brute, genre « T’avise pas de me doubler mon gars, je connais le deal ». L’employé lance un coup de fil et me dit d’attendre un certain Brahim. En Inde, 50 types se seraient immédiatement mis à donner leur avis en gesticulant. En Afrique, on attend. On attend beaucoup. Ryszard Kapuściński décrit parfaitement l’attente en Afrique dans son ouvrage Ébène, Aventures africaines. J’en parlerai plus tard…

#Off2Africa Jour 12 Dakhla Sahara occidental © Gilles Denizot 2016

Assis dans un coin, il y a un grand homme, son baluchon posé à terre, un « Africain ». Tiens, cela me rappelle une phrase de Kapuściński : « Nous disons “Afrique”, mais c’est une simplification sommaire et commode. En réalité, à part la notion géographique, l’Afrique n’existe pas ». L’Africain s’appelle Dibil. Il se dit artiste et monte vers le nord du Maroc pour tenter de vendre son travail, peut-être obtenir d’exposer à Marrakech. Nos chemins se croisent, nous sommes chacun dans notre propre quête. Nous en parlons un peu, autour d’un café.

Brahim arrive. J’ignore combien l’attente a duré. Ce qui compte en Afrique, et peut-être dans la vie, c’est quand quelque chose arrive. Avant, il n’y a rien, ensuite, c’est passé. L’essentiel, c’est le moment où les choses se passent. Brahim pourrait être un de mes grands-oncles maternels, un visage indéfinissable que j’imagine marocain. En réalité, il s’avérera être Mauritanien. Oui, il a bien une voiture et peut me conduire à Nouadhibou, s’occuper de moi lors du passage à la frontière. Il peut aussi continuer jusqu’à Nouakchott ou même Dakar, si je le souhaite. Il me montre sa vieille Mercedes au pare-brise fendillé (il me fait aussi tourner le moteur dans un boucan de tonnerre, moitié rugissement, moitié crachat…), nous fixons une heure de départ matinale et un prix. Tope-la ! Demain soir, Incha’ Allah, je serai en Mauritanie !

Voilà qui s’annonce bien ! Je suis content. Bon, il reste encore à faire la route, passer les barrages, ne pas se faire prendre en otage comme beaucoup le craignent, ne pas sauter sur les mines laissées dans le Sahara. Brahim m’inspire confiance, voilà des années qu’il parcourt cette route et mon aventure commence vraiment ! Dakhla — Dakar en traversant le désert mauritanien, c’est tellement mieux que par avion (bon, je n’aurais pas dit non avec Saint-Ex comme pilote au temps de Villa Cisneros).

C’est donc soulagé (et un peu impatient) que je pars marcher le long de la côte aux beaux murs blancs, en direction de la lagune…

#Off2Africa Jour 12 Dakhla Sahara occidental © Gilles Denizot 2016

Je parcours des kilomètres, il fait si beau. Il y a des enfants en bicyclette, des paysages magnifiques à perte de vue, une famille en contrebas sur des rochers, le gamin tient une canne à pêche et ils ont même du thé à la menthe. Je fais une visite au souk où je rencontre un jeune gars de Nouadhibou. Il crée des broderies traditionnelles et me parle de sa famille quand il apprend, un peu ému, que je serai bientôt dans sa ville. Je croise aussi Brahim dans une petite rue, il me dit : « À demain, n’est-ce pas ? »

Dernier coucher de soleil sur Dakhla que je quitterai sans regret à l’aube. J’ignore encore que j’aurai le lendemain, sur la route en plein désert, une… allez, on va dire révélation, ou tout au moins le début d’une compréhension des choses de ma vie. Le voyage finirait-il par m’apporter les réponses que je recherche ?

#Off2Africa 12 Dakhla Sahara occidental
Mercredi 7 décembre 2016


Durant #Off2Africa, j’avais pour habitude de ne partager qu’une photo par jour, sans légende.
Celle du jour figure en haut de ce récit ; en voici d’autres…