Deux femmes marchent dans une rue de Nouakchott en Mauritanie #Off2Africa 13 Frontière Mauritanie
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#Off2Africa 13 Frontière – Nouadhibou Mauritanie

Seconde partie — Au bout de cette route goudronnée sur laquelle flotte le sable blanc du Sahara, il y a le poste frontière de Bir Guendouz. Je suis à l’extrême sud-ouest du Sahara occidental, sous contrôle marocain au moment de mon passage


En Afrique, il est important de s’informer, car la situation politique peut rapidement évoluer, et pas toujours pour le mieux. Le 26 février 2016, le Maroc a indiqué qu’il procédait à un retrait unilatéral de la zone de Guerguerat, à la frontière avec la Mauritanie… #Off2Africa 13 Frontière Nouadhibou Mauritanie

Deux femmes marchent dans une rue de Nouakchott en Mauritanie #Off2Africa 13 Frontière Mauritanie

Depuis Dakhla, nous avons donc suivi la piste la plus sûre (et la seule autorisée) en traversant les zones déminées pour rejoindre Guerguerat. Le poste de Bir Guendouz propose son lot de contrôles divers, de fiches à remplir, de bakchichs que vous êtes comme toujours libre ou non de verser, pour obtenir le si convoité tampon sur votre passeport. Penser à sourire et à plaisanter, si le préposé semble y être disposé, et faire comme si l’on avait passé cette frontière à de multiples reprises.

Au sud du mur marocain, et avant d’arriver au poste mauritanien PK 55, se trouve un no man’s land surnommé « Kandahar » (d’après la ville en Afghanistan). Le Front Polisario inclut dans sa zone libre cette section démilitarisée située avant la frontière mauritanienne, une zone tampon de cinq kilomètres de large le long du mur de défense au sud et à l’est. C’est un nulle part entre une mauvaise piste, quelques baraques de pierres, des tentes, des drapeaux de la République arabe sahraouie démocratique (RASD, proclamée par le Front Polisario) qui flottent au vent, quelques pickups, quelques soldats en treillis. Ne surtout pas faire de photo (ou tout au moins ne pas se faire remarquer en les prenant, voyez plus bas…) et rouler tant bien que mal vers le poste PK 55 qu’on discerne au loin.

Les militaires mauritaniens connaissent bien Brahim. Le chef de poste me salue et m’accueille même dans la plus pure hospitalité des hommes du désert, et je lui rends la politesse avec moult compliments. C’est le sésame pour passer de l’autre côté. Je visite les différents bureaux de police, d’immigration, de douane et, les formalités enfin accomplies, j’admire mon visa et tous ces nouveaux tampons sur mon passeport. Cela fait du bien cette autorisation d’entrée. Ah, si l’Inde pouvait s’en inspirer… Je m’assieds au soleil pour attendre que le dernier passager de Brahim ressorte. Je décline poliment les propositions des changeurs d’argent quand je remarque des militaires et leur chien qui tournent autour de notre voiture. Le beau Malinois s’approche de moi, me renifle puis se laisse caresser. Je n’ai rien à me reprocher, mais on n’est jamais paisible dans ce genre de situation. En revanche, le soupçon que j’avais depuis le départ se confirme. L’un des deux passagers de notre véhicule semble transporter quelque chose qui agite considérablement le chien. Ils fouillent, puis dirigent le type en question et son bagage vers un bâtiment. Me voilà donc en plein désert, avec un passager au chargement probablement illicite, en plein soleil. Voilà une belle anecdote…

Saint Bakchich a probablement dû intercéder en sa faveur, car il revient après un certain temps avec Brahim, nous remontons fissa dans la voiture et passons la barrière…

Je suis en Mauritanie !

Après le poste, la distance est courte pour rejoindre Nouadhibou. C’est à droite au croisement, sauf si l’on veut aller à Nouakchott qui est sur la gauche. J’ai toujours aimé ces panneaux de signalisation, avec les noms des villes en arabe et le kilométrage. Je suis vraiment en Mauritanie ! Ce n’était pas prévu, mais cela aura été un souvenir mémorable de mon voyage, et surtout l’occasion de rencontres inoubliables.

Je n’ai même pas de point de chute à Nouadhibou. Pourtant, Brahim m’emmène chez Ali qui tient le Camping de la baie du Lévrier, en plein centre-ville. Ce sera parfait, je suis dans la chambre 1, et dans celle d’à côté, il y a Leo. Ah, Leo c’est une belle rencontre, mais je raconterai ça plus tard. Monsieur Ali connait toutes sortes d’histoires sur la région. Évidemment, dès qu’il me parle de l’ancienne Port-Etienne et de l’Aéropostale, je suis tout ouïe ! Il sourira quand je l’informerai chaque matin que tout compte fait, je garderai la chambre encore un jour, puis encore un jour… Il finira par me dire : Écoute, on fera les comptes quand tu auras décidé de reprendre la route.

Pour remercier Brahim d’avoir si bien pris soin de moi, je l’invite à un bon repas au Pleine Lune, mon QG à Nouadhibou. Ils y proposent des pâtisseries, des croissants, du wifi gratuit, c’est à quelques pas de ma chambre et c’est ouvert jusqu’à minuit ! (Je passerai même de l’autre côté du comptoir un jour pour montrer au garçon comment préparer un bon café…)

Rassasié, je me lance dans mon rituel d’exploration de mon nouveau quartier. Les marchés, les stands dans la rue, les mosquées, les animaux qui errent, les gens surtout, en tenues traditionnelles, les hommes avec leur drâa et les femmes en melafah ! Je souris en découvrant toutes ces nouvelles images. Le soleil se couche, je me perds dans les ruelles, c’est si bon. J’ai un coup de foudre pour la Mauritanie et Nouadhibou. Surtout, la journée va se terminer par un rare cadeau, de ceux qui font penser que tout est déjà écrit et qu’il y a vraiment des gens que tu devais rencontrer, ou plutôt retrouver

Au Pleine Lune, pour un dernier café, je fais la rencontre de celui que je nommerai ici Taleb, le mystique, celui qui cherche la vérité… Quand nous décidons de suspendre notre dialogue et de le poursuivre le lendemain matin, la lune sera déjà bien haute dans le ciel…

#Off2Africa 13 Frontière Nouadhibou Mauritanie
Jeudi 8 décembre 2016 (2ᵉ partie)


Durant #Off2Africa, j’avais pour habitude de ne partager qu’une photo par jour, sans légende.
Celle du jour figure en haut de ce récit ; en voici d’autres…