#Off2Africa 40 Dakar Sénégal

Déjà quarante jours et des kilomètres de voyage en Afrique !


Il me faut chercher loin dans ma mémoire pour retrouver les souvenirs émerveillés d’un si long périple. Deux fois quatre mois en Asie du Sud-Est, j’avais vingt ans ou un peu moins. Une nuit de train pour atteindre Borobudur et voir le soleil se lever sur la plaine, une grosse frayeur à la douane de l’aéroport de Rangoon dans ce qui s’appelait encore la Birmanie, le partage de poissons-chats grillés dans une chambre de Bangkok, des œufs de tortue et des cafards à Pulau Penang, un Singapore Sling au Raffles, la découverte de Kho Phi Phi et le séjour dans une hutte de pêcheurs, avant que les tours opérateurs n’envahissent ce paradis du bout du monde… #Off2Africa 40 Dakar Sénégal

Des chèvres sur le sable devant une dibiterie au dessin de chèvre #Off2Africa 40 Dakar Sénégal © Gilles Denizot 2017

Dire qu’en cinq ans passés en Inde, je n’ai vu que les alentours de Chennai, Pondichéry, Bangalore, Mumbai, Pune, Kochi, et le terminal Indira Gandhi International de Delhi… Le reste sera peut-être pour une autre vie, lorsque mon nom ne sera plus le même et qu’il ne figurera plus sur la liste noire.

Pourquoi n’ai-je pas visité tous ces lieux qui m’attiraient : Kolkata, Varanasi et en particulier le lac Dhal au Cachemire ? J’avais prévu d’y réaliser un vieux rêve en passant mon cinquantième anniversaire sur une shikara, une maison-bateau traditionnelle. Je ne perds pas tout au change, en Afrique au moins, je serai au chaud même s’il y a peu de chances que je puisse entrer dans Tombouctou (et surtout, en ressortir vivant…), un autre vieux rêve…

Dans ces moments de doute, de questionnement, je reviens toujours à mes lectures de prédilection, celles qui m’accompagnent depuis longtemps : les Lettres à un jeune poète de Rilke, relues à Tarfaya et surtout les Lettres à Lucilius de Sénèque. J’y trouve les voix de la sagesse, de l’expérience, du réconfort aussi.

Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas, c’est parce que nous n’osons pas qu’elles sont difficiles.

Sénèque, Lettres à Lucilius, CIV

Pendant ma vie en Inde, la simple idée d’un trajet solitaire en train avait le pouvoir de me tétaniser. Pourtant, j’ai aussi été capable de relier Pondichéry à Chennai, de nuit sur ma moto. Une grande première, sans préparation aucune, qui me procura un sentiment enivrant de liberté. Je garde le souvenir de l’acuité de mon attention, en particulier lorsque le faisceau de mon phare éclairait les vaches qui surgissaient des bas-côtés obscurs.

Le périple en Afrique servira aussi à me prouver que je suis capable de bien plus que celui que j’étais. En Inde, j’ai grandi et vécu des moments d’intense émotion qui me feront toujours aimer ce pays, plus que quiconque ne pourrait l’imaginer. J’y ai aimé mes élèves, je leur ai tout donné, mon temps, mon savoir et j’ai reçu d’eux encore davantage en retour. Je me suis trompé et j’ai été trompé, mais si c’était possible, je donnerais tout pour revivre encore cette page de vie.

Les choses qui te manquent, ne les regrette jamais.

Sénèque, Lettres à Lucilius, IX

Comprenons-nous toujours nos décisions, ce que nous faisons (ou pas) ? Sommes-nous certains d’être entourés des bonnes personnes ? Pouvons-nous leur accorder notre confiance et comment le déterminer ?

Avant d’être ami, sois juge. […] Réfléchis longtemps sur l’adoption d’un ami ; une fois décidé, ouvre toute ton âme pour le recevoir.

Sénèque, Lettres à Lucilius, III

mais

Méfie-toi du faux caché sous l’apparence du vrai.

Sénèque, Lettres à Lucilius, LXXXIX

À l’ombre d’une dibiterie de la rue principale de Yoff, quelques chèvres insouciantes s’étaient rassemblées…

#Off2Africa 40 Dakar Sénégal
Mercredi 4 janvier 2017


Durant #Off2Africa, j’avais pour habitude de ne partager qu’une photo par jour, sans légende.
Celle du jour figure en haut de ce récit ; en voici d’autres…


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