Aéroport de Tunis au lever du soleil. Ciel jaune et tarmac encore obscur #Off2Africa 98 Tunis Tunisie © Gilles Denizot 2017
#off2africa, tunisie, voyages

#Off2Africa 98 Tunis Tunisie

La fin du voyage était bien là… Alors, where to next?


Le soleil se levait lorsque l’avion d’Abidjan toucha la piste de Tunis-Carthage. J’étais au pays qui avait vu naître ma mère. Même sans sortir du terminal pour humer les jasmins, j’étais ému d’avoir choisi cette escale symbolique en route vers Paris… #Off2Africa 98 Tunis Tunisie

Aéroport de Tunis au lever du soleil. Ciel jaune et tarmac encore obscur #Off2Africa 98 Tunis Tunisie © Gilles Denizot 2017

Je ne pouvais m’empêcher de penser à la vitesse avec laquelle nous avions survolé cette partie d’Afrique. Il m’avait fallu plus de trois mois pour la parcourir. En quelques heures seulement, nous étions au bord de la Méditerranée.

Le magazine de bord « La Gazelle » consacrait sa couverture à Genève et je voyais clairement le Salève, au pied duquel vit ma sœur. Mais les signes dont je parlais hier ne s’arrêtaient pas là. Le plateau du petit déjeuner comportait également un peu de confiture de coings, ma préférée surtout quand elle est préparée dans la cuisine maternelle avec les fruits du jardin…

Les racines sont partout pour le voyageur. Je le disais en partant : ceux qu’on aime, on les emporte toujours avec soi.

Dans le magazine Tunisair se trouvait aussi une citation de Lamartine, fort à propos :

Il n’y a d’homme plus complet que celui qui a beaucoup voyagé, qui a changé vingt fois la forme de sa pensée et de sa vie.

Alphonse de Lamartine, Voyage en Orient

Que n’ai-je transformé ma pensée au cours de mon voyage de vie, et en particulier durant mon périple en solitaire #Off2Africa. Mon regard s’est fait plus large, il m’a fait découvrir des richesses que je pressentais, mais dont il me fallait faire l’expérience physique pour les intégrer. Et quelle leçon magistrale de laisser le temps faire son travail, de sentir les plaies se cicatriser, de se délester du poids du passé pour n’en garder que le suc !

La lumière du jour printanier fit irruption par le hublot de l’avion, au-dessus de Paris. Une femme voilée regardait au-dehors, les mains cramponnées à son siège. Mon voyage touchait à sa fin, le sien commençait peut-être. Que venait-elle chercher en Europe ? Quelle était son histoire ? Je n’étais plus à même d’initier de nouvelles rencontres, j’étais déjà rassasié de tout ce qu’il m’avait été donné de vivre.

À peine débarqué de l’appareil, je plongeais dans l’air froid et vif et marchais sur la passerelle pour atteindre le terminal. Le ciel était grisâtre, mais mon regard portait au-delà… Je retrouvais les pavés parisiens, mouillés d’une pluie fraîche. Je m’attablais à une terrasse de café, abrité par un auvent de toile, et laissais traîner mes pensées.

Les voyages en avion ont ceci de redoutable qu’ils vous propulsent physiquement dans d’autres mondes ; votre corps arrive avant vous à destination.

J’étais encore dans la lenteur africaine… Il me fallait un palier de décompression et je ne vis rien de mieux qu’un repas « comme là-bas », au restaurant O’Maki avec thiep, allocos, jus de gingembre et sauce pimentée ! La fin du voyage était bien là, devant mon assiette, devant le regard émerveillé du serveur en apprenant que j’arrivais d’Abidjan, dans ce feu qui brûle encore en moi, dans cette sérénité qui est le bagage de celui qui a beaucoup voyagé…

La terre nous en apprend plus long sur nous que les livres. Parce qu’elle nous résiste. L’homme se découvre quand il se mesure avec l’obstacle.

Antoine de Saint-Exupéry, Terre des hommes, Gallimard, 1939

Alors, where to next? Puisque l’Inde joue encore à l’amoureuse malaisée, je ne vois qu’une seule destination possible :

#Off2Africa 98 Tunis Tunisie
Vendredi 3 mars 2017


Durant #Off2Africa, j’avais pour habitude de ne partager qu’une photo par jour, sans légende.
Celle du jour figure en haut de ce récit ; en voici d’autres…