Silence NC3 journal éloignement
histoires, silence

Silence NC3

Journal de l’éloignement – Pour que l’arc-en-ciel de ce matin se produise, il aura fallu de la pluie et des rayons de soleil…

et dont la page se tourne la nuit.

qui s’écrit le jour

Un journal de l’éloignement


Ciel gris, il a plu durant la nuit. Au lointain, le soleil tente de percer une bande de nuages. Lorsqu’enfin il apparait, la pluie se met à tomber, mon monde se teinte d’anthracite et un arc-en-ciel timide vient clore la scène.

Les gouttes tombent dans le mate et se mélangent doucement, une à une.

Je l’observe, assis sur la chaise en face de moi. Dans ma bulle, tout est à nouveau calme, joyeux, tendre. Je souris ; il faut si peu pour être heureux :

Le voir encore endormi
L’entendre chanter en s’accompagnant à la guitare
Sentir le parfum de son tabac se répandre le soir
Se laisser bercer par la pluie qui tombe sur l’auvent de la cour

Il adorait le son de la pluie

J’avais de la chance, mais la chance tourne, les portes se referment, le temps passe, nous éloigne, nous sépare. Je hais cette impuissance, le silence entre nous même s’il est indiqué pour avancer. Je me débats avec mon attachement, celui qu’il nommait «amor puro» et qui lui brisait le cœur parce qu’il disait ne plus pouvoir y répondre avec la même intensité. Pouvoir, vouloir, oser, tenter, échouer, se brûler, tenir le cap, se souvenir de l’engagement, s’élever pour bénéficier d’une vue d’ensemble, ne pas s’arrêter aux imperfections, mais avoir confiance en l’autre, en sa capacité à grandir, toujours. Aimer aussi ses défauts (en particulier son intransigeance alors que je préfère la souplesse) et choisir le beau malgré le laid.

« Come rain or come shine » dit la chanson… Pour que l’arc-en-ciel de ce matin se produise, il aura fallu de la pluie et des rayons de soleil. En espagnol, le mot est «arcoíris» ; il me l’avait enseigné et je n’ai pas oublié. C’est maintenant aussi spontané que de savoir conjuguer le verbe «llover» (pleuvoir) que je confondais alors avec «llorar» (pleurer).

Et le soleil revient assécher les larmes de la nuit…