Silence NC5 Journal éloignement
histoires, silence

Silence NC5

Journal de l’éloignement – La douceur de la nuit était un enivrement, un baume, un secret partagé…

et dont la page se tourne la nuit.

qui s’écrit le jour

Un journal de l’éloignement


Ce n’est pas de l’insomnie ; c’est savoir que tu ne rêveras pas. Tu iras te coucher quand tu ne tiendras plus debout mais allongé tu ne te résoudras pas pour autant à sombrer dans le sommeil. Aucune voix ne te souhaitera bonne nuit, ton lit sera froid et ton réveil, solitaire.

Quand vous vous êtes rencontrés, vous passiez des nuits à parler, à rire, à vous aimer. Tu résistais pour ne pas perdre la conscience de ce que tu vivais. Ce n’était pas de l’insomnie, c’était de la gourmandise : s’endormir tard, faire la grasse matinée, une sieste quand le soleil jette des ombres contre les murs.

Je lui disais: « Tu m'aimeras
Aussi longtemps que tu pourras! »
Je ne dormais bien qu'en ses bras.

Très vite, tu n’as pu rencontrer le sommeil qu’en ses bras. S’endormir ne signifiait pas vous perdre mais, au contraire, vous retrouver de l’autre côté, légers et libres. Rassuré, tu sentais se calmer la tension, les tracas, les interrogations. La douceur de la nuit était un baume, un enivrement, un secret partagé. Dans l’obscurité, allongé sur le dos, tu te tenais d’abord silencieux. Il l’avait remarqué mais n’en connaissait pas la raison : tu faisais la synthèse de la journée écoulée avant que la page ne se tourne, tu pensais à ceux que tu aimes et disais tes « petites phrases ». Puis, pivotant sur ton côté droit, tu alignais ton corps sur le sien et tu l’enveloppais délicatement, ton souffle sur sa nuque. Tu passais tes doigts dans ses cheveux, doucement, de plus en plus doucement. Il te disait qu’en t’endormant, tu laissais échapper quelques soupirs, comme si le désarroi du passé se dissolvait dans la sérénité du présent.

À l’aube, lorsque ton esprit s’éveillait, une chaleur bienveillante te chuchotait : « Reste encore un peu ». Si alors il se retournait et qu’il t’enlaçait, le charme continuait d’opérer et tu restais encore un peu…

Mais lui, sentant son cœur éteint,
S'en est allé l'autre matin,
Sans moi, dans un pays lointain.

Depuis, cette chanson perpétuelle te tient compagnie dans un lit trop vide. Tu accomplis toujours le même rituel : lui souhaiter bonne nuit, comme avant, du repos et des rêves doux. Te souvenir de la chaleur de sa peau collée à la tienne et comment elles se mélangeaient, expirer la tristesse et serenarse :

J’oublierai les douleurs passées,
Mon amour, quand tu berceras
Mon triste coeur et mes pensées
Dans le calme aimant de tes bras.

Ce n’est pas de l’insomnie ; c’est subir l’étreinte de l’absent.

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