Silence NC14

Journal de l’éloignement – Hier, j’ai pensé que le manque de toi n’était plus aussi violent, qu’il devenait une douce nostalgie…

et dont la page se tourne la nuit.

qui s’écrit le jour

Un journal de l’éloignement


Hier, j’ai pensé que le manque de toi n’était plus aussi violent, qu’il devenait une douce nostalgie. Je me promenais dans Amsterdam, à travers le Vondelpark où nous avions passé quelques heures sur l’herbe. Tu venais d’apprendre la mort du père de R., et tu avais chanté en souvenir de lui en t’accompagnant à la guitare. Il y avait des enfants tout autour de nous, de l’eau et de grands arbres.

Mais ce matin, l’angoisse était revenue.

Silence NC14 Journal éloignement

Il y a bien sûr ma vieille amie la resfeber, puisque j’embarque dans quelques heures sur le voilier Pollux. Je connais bien ce sentiment d’excitation lié au départ et le pouls qui bat plus vite. Selon mon expérience, cet état fébrile disparaît dès le premier pas en avant ; ce n’était donc pas seulement le départ imminent. En outre, j’avais réglé beaucoup de choses, ce qui normalement me tranquillise :

J’avais modifié mon trajet pour Barcelone, puisque nous ne nous y retrouverons plus, et réservé un vol pour Tanger. J’y serai comme l’année dernière durant le Ramadan. J’attends tout spécialement ce moment si particulier qui survient quelques minutes avant l’annonce du muezzin, quand la rumeur de la ville s’éteint. Il règne un silence empreint d’une grande émotion, celle d’être sur le point de passer le seuil, d’avoir accompli une autre journée. Comme l’an dernier, j’aurai préparé le plateau en bois, des œufs au cumin, le lait, les dattes, les buyus – de délicieux petits pains traditionnels – et je m’installerai sur la terrasse face à la baie pour rompre le jeûne quotidien durant le ftour.

J’avais effectué mon inscription au niveau B2 d’espagnol. Je dispose de 90 jours pour étudier seul et en ligne avant de me présenter à l’évaluation et intégrer le niveau C1 à l’Institut Cervantes de Tanger à la rentrée. J’étais heureux d’avoir décidé de poursuivre mon apprentissage de la langue, impressionné quand même de voir mes progrès en un temps si bref et le pouvoir de l’esprit qui souhaite encore grandir.

J’avais transvasé un peu de yerba mate dans le pot acheté à Montevideo afin de pouvoir déguster mon mate sur le bateau, face à l’horizon.

Malgré tout, j’étais anxieux. Je me suis demandé pourquoi… et je me suis rendu compte que j’avais recommencé à rêver…

Pour la première fois depuis que tu m’as quitté, je t’ai vu en rêve. Je n’ai pas voulu me souvenir, mais je sais qu’au réveil, ton image était présente. Le manque de toi également. Je me suis mis à penser à tout ce que nous étions en train de perdre, toutes les expériences merveilleuses de la vie à deux, et tout ce que nous vivons individuellement maintenant, sans plus rien partager. Je songeais à tes préparatifs pour ta nouvelle vie, sans moi, à cette aventure en voilier, aux cours d’espagnol, au geste de préparer la yerba pour le voyage comme tu le faisais il y a peu. J’ai eu le cœur serré en lisant le dernier blog DosViajando, en particulier une photo de leurs pieds nus dans le sable, comme nous l’avions fait si souvent aussi, et en lisant leur commentaire «Viajar nos encanta y con amor… es lo mejor»

Oui, j’ai compris que plus rien ne serait pareil. Je ne partagerai plus avec toi ma vie, mes joies et mes tristesses, mes espoirs et le vent dans les voiles, le présent et notre futur. Qui sait ? Peut-être es-tu heureux pour moi…

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