#HolaMadrid Filomena nevada
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#HolaMadrid — Yo soy Filomena, la nevada

Madrid n’avait pas vu cela depuis 2009 : une tempête polaire répondant au joli nom de Filomena…


J’avais bien demandé s’il allait faire froid à Madrid en hiver… On m’avait répondu : « Il peut faire froid, en effet, mais il ne neige habituellement pas dans la capitale, même s’il est normal de voir la Sierra Norte vêtue de blanc. » #HolaMadrid Filomena nevada

Comme j’ai toujours beaucoup de chance (je vous rappelle l’hiver 2018 à Tanger, le plus tourmenté que la ville du Détroit avait connu ces vingt dernières années, ou les inondations de 2015 à Chennai…), il était prévisible qu’après 2020 et une Madrid façon Covid, 2021 allait nous réserver une surprise de taille : les plus fortes chutes de neige depuis un demi-siècle en Espagne !

Calfeutré sous mon toit de Lavapiés, je guettais l’arrivée du mauvais temps… Le mardi 5 janvier, quelques feux d’artifice récalcitrants finissaient enfin par exploser (ou était-ce un appel de détresse des Rois Mages ?), mais pas de neige. Le mercredi 6, je décidais de prendre les devants, de m’approvisionner en légumes et de me concocter une bonne soupe, au lieu de sacrifier à la couronne des Rois (je préfère nettement la version française, à la frangipane). Ce n’est que le jeudi 7, dans l’après-midi, que le thermomètre baissa suffisamment pour laisser place aux premiers flocons…

Avec La Traviata de Verdi, en musique de fond…

#HolaMadrid 7 janvier 2021

La neige tomba toute la nuit et continua de plus belle le vendredi 8 et le samedi 9 janvier.

Enfin, le dimanche 10, le ciel blanchâtre des derniers jours se para de bleu intense. Pour profiter du spectacle, il me fallut débloquer la lucarne du coin cuisine, recouverte d’au moins 30 centimètres de neige. Enfin, je pus passer la tête à l’extérieur et contempler aux alentours : l’épais manteau recouvrait les toits, les terrasses, les balcons, sous un soleil éclatant.

Il y avait encore de la soupe, du pain, du fromage et du vin. Aussi, nul besoin de se risquer à l’extérieur (la municipalité de Madrid avait d’ailleurs recommandé de ne pas sortir, avant de solliciter la participation active de tous les habitants en leur suggérant de prendre part aux travaux de déblayage…), pourtant, il se passait de drôles de choses dans les rues…

Lundi 11 janvier, dans mon barrio, des arbres abattus, des pistes de ski improvisées, des promeneurs et des « planters-du-bâton, Monsieur Dusse »…

N’y tenant plus, je décidai de me rendre au Parque Casa de Campo. Raquettes à neige ou skis de fond ? Ma bonne vieille paire de bottes (chinée à Tanger, à une rue du Grand Socco) ferait l’affaire pour parcourir une partie des 1.700 hectares du plus grand parc madrilène et poumon vert de la ville, une superficie cinq fois celle de Central Park et sept fois celle de Hyde Park

L’Histoire raconte que Philippe II (« Elle ne m’aimait plus », etc. du même Verdi ) y chassait… moi, j’y ai fait la connaissance d’un rare kangourou de neige, peut-être échappé du Zoo Aquarium de Madrid !

J’ai fait une balade sensationnelle, seul à des kilomètres à la ronde à part quelques écureuils, et de la neige à perte de vue…

Puis, soudain, m’est venue l’irrésistible envie de me réchauffer… Rien de mieux qu’un traditionnel chocolat chaud, assorti de churros, pour oublier les plaques de glace avant de contempler un autre de ces fameux couchers de soleil madrilènes…

«Año de nieves, año de bienes» (Année de neige, année de bonnes choses) dit-on par ici… c’est tout ce que je n/vous souhaite…

¡Feliz año nuevo!