#Off2Europe Schaffhouse nager libre
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#Off2Europe Schaffhouse — Nager d’une rive à l’autre, d’un pays à l’autre…

J’ai emporté avec moi ces moments de pur plaisir sous la tonnelle, le goût du vin blanc frais, la sensation intense de se savoir vivant…


Après le petit paradis de Cologne, en compagnie de mes amis Ollie et Ulli, j’ai longé le Rhin jusqu’à Schaffhouse, gare frontière avec l’Allemagne. Vous pensez peut-être : « Mais que va-t-il donc faire là-bas ? » Muriel avait eu la même réaction : « Schaffhouse ? Tu fais comme les Suisses, tu visites nos contrées ?? » Eh bien ! Oui, je m’y suis arrêté quelques jours et j’y ai découvert deux autres petits paradis… #Off2Europe Schaffhouse nager libre

Tout d’abord, chez mes amis Giancarlo et Roland, une immense maison qui se devinait à peine à travers les arbres. Le soir venu, à l’heure de l’apéro, le jardin se parait de toutes sortes de lampions, fontaines et installations lumineuses. J’y ai rapidement trouvé mon coin pour lire et étudier.

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Je suis en Suisse, ma cure de fromage commence ; j’irai même jusqu’à préparer le fameux Chäskuchen (selon la recette paternelle) ! J’apprends que la Fédération internationale du lait a comparé les consommations de fromage au niveau mondial : en 2014, les Suisses ne se classaient que sixièmes avec 21,3 kg par personne et par an. C’est normal, j’étais alors en Inde et, bien que je mangeasse (allez, un petit subjonctif, comme en espagnol !) du paneer à toutes les sauces, je ne pouvais contribuer à faire grimper le score helvétique…

Outre le fromage, je ne résiste jamais à mon autre péché capital culinaire suisse : les énormes tartines de Cenovis…  Cependant, à Schaffhouse, personne ne semble connaître ce produit typique, créé en 1931 à Rheinfelden dans le canton d’Argovie. C’est tout proche, mais pas de Cenovis… Introuvable ! Je le dis comme je le pense (et je pèse mes mots) : c’est un scandale.

Faute de grives, j’ai opté pour une glace italienne chez un marchand de la vielle ville. Il faut dire que je l’avais bien méritée, après avoir arpenté de long en large cette partie de Schaffhouse.

J’avais tout d’abord pris d’assaut le Munot en traversant le donjon et en grimpant jusqu’au sommet de cette tour construite entre 1564 et 1589. La fraîcheur régnait dès l’entrée dans les casemates, quand le regard se lançait vers la vis de l’escalier large et impressionnant. Au plus haut niveau, je débouchais sur une esplanade circulaire qui accueille des fêtes, des concerts et même des productions d’opéra (prochaine édition : Die Zauberflöte, en août 2021).

Mais c’est la vue à 360° sur la ville et sa région qui va fasciner le visiteur et lui faire penser au Machu Picchu(À gauche, Schaffhouse. À droite, le Machu Picchu.)

Je n’ai pas beaucoup de photos, aussi je vous inclus une vidéo sur le Munot. Le commentaire (en Schwyzertüütsch modéré) peut s’agrémenter de sous-titres en français :

Le Munot, au bon goût Schwyzertüütsch

Autour de la forteresse, et sur les 76 hectares du Munotrebberg, poussent des vignes de Pinot Noir, de Pinot Gris et de Tokay. Elles produisent – selon les années – entre 5000 et 7000 litres de vin. Un escalier descend à travers les pieds du vignoble et me mène jusqu’à la vielle ville.

Le quartier médiéval est un enchantement ! On se croirait dans une production en plein air de Guillaume Tell ou des Meistersinger… Je me balade, ébahi, entre les immeubles d’époque Renaissance décorés de fresques et de sculptures, et j’admire les oriels des maisons bourgeoises à pignons du XVIIe siècle. (Ce commentaire architectural s’adresse tout spécialement à ma copine Hèdilya, que je salue en passant.)

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Cet oriel de Schaffhouse m’en rappelle un autre, vu dans le centre de Lima, au Pérou : le Palacio de Torre Tagle qui abrite aujourd’hui le ministère des Affaires étrangères. (À gauche, Schaffhouse. À droite, Lima.)

Il faisait bon s’asseoir au bord des fontaines ornées de statues polychromes et écouter le son de l’eau qui se déverse dans les bassins. Il paraît que Saint-Simon l’évoquait dans ses Mémoires (tome I, Paris, Éditions Gallimard, 1959, page 908.) En 1701, lors de son agonie, le frère de Louis XIV but de l’eau de Schaffhouse : « Un moment après que le Roi fut au lit, arriva un page de Monsieur : il dit au Roi que Monsieur, étoit [sic] mieux et venoit [sic] de demander à M. le prince de Conti de l’eau de Schaffhouse, qui est excellente pour les apoplexies ». Voilà.

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Encore un peu de culture, avant de passer au sport : j’ai découvert le Stadttheater de Schaffhouse et sa riche programmation ! Je n’y ai jamais chanté et cela me surprend, car la troupe de solistes à laquelle j’appartenais à mes débuts se produisait régulièrement en Suisse alémanique. Sous la baguette du chef d’orchestre Theo Loosli, notre production de La finta semplice avait tourné dans plusieurs théâtres régionaux. Le succès ne s’était pas fait attendre et nous avions traversé les frontières pour aller notamment en Italie (mon premier Requiem de Mozart au dôme de Modène, en présence de la grande Raina Kabaivanska). C’est grâce à Theo Loosli que j’avais appris que « Nüüüt schläppppe! » ne veut justement pas dire qu’il faut ralentir le tempo… (Évidemment, mon allemand de l’époque, bien qu’excellent, ne comportait pas la variante Schwyzertüütsch…) C’est en raison de la quantité de concerts et d’œuvres que Theo Loosli nous proposait que j’avais perfectionné l’art du déchiffrage. Je sillonnais souvent la Suisse en train pour me rendre aux répétitions, la partition d’une nouvelle cantate de Bach ou d’une messe d’Haydn sur les genoux. À Schaffhouse, le cloître de l’église St. Katharinental accueillait un concert Bach. Ce fut une belle halte, un répit pour le voyageur.

En recherchant des informations pour écrire ce billet, j’apprends la mort de Theo Loosli… Celui qui avait fondé le Berner Bach-Chor, l’Orchestre Symphonique Neuchâtelois – écouter ici notre enregistrement -, le Sinfonietta et le Berner Konzertchor, formations avec lesquelles j’ai fait mes premiers pas de chanteur, s’en est allé le 28 avril 2017. Je venais de rentrer de mon périple #Off2Africa

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Et maintenant, le sport ! Les activités estivales dans la région nous ramènent forcément vers le Rhin. Près d’un arbre où grimpent des chèvres presque aussi agiles que celles du Maroc, un chemin me guide vers un lieu de baignade. Je me suis amusé comme un gamin ! C’est excellent pour la santé et très divertissant, dans le genre « pied-de-nez au monde des frontières ». En traversant à la nage d’une rive à l’autre, tout en remontant le courant avant de se laisser porter par lui, je passais effectivement de la Suisse à l’Allemagne. D’un côté, Langenwiese (CH) et de l’autre, ⁨Büsingen am Hochrhein⁩⁩ (DE). Vous vous souvenez de l’objectif « Espace de liberté, de sécurité et de justice » ? La pandémie actuelle a eu vite fait d’abattre Schengen et le rêve européen des frontières ouvertes

Était-ce là que se situait le deuxième paradis de la région ? En partie, oui. Mais c’est derrière une porte aux linteaux bleus que se cachait un lieu magnifique où l’on rêverait de cohabiter…

J’ai emporté avec moi ces moments de pur plaisir sous la tonnelle, le goût du vin blanc frais, la sensation intense de se savoir vivant. J’ai gardé tout cela bien précieusement, ai dit Tschüss au Rhin et suis parti en direction de Zurich. J’ai profité d’un changement de train pour aller revoir mon Opernhaus, Schober et Sprüngli, avant de poursuivre le voyage vers un autre paradis aquatique…

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