Je respire ! C’est ma première sensation, un sentiment d’espace, de liberté et de calme. Barcelone me guérira-t-elle des années d’errance ?

Du choix entre Madrid et Barcelone, en passant par la bière de 21 heures, je partage avec vous mon journal à la plage, à vélo, à Badalona, les fêtes de la Diada, de Poblenou et de la Mercè, mes cours de catalan et même le nom de la prochaine capitale de l’architecture… #HolaBarcelona journal septembre
Je respire ! C’est ma première sensation, un sentiment d’espace, de liberté et de calme. La proximité de la mer y est pour beaucoup, je me suis promis d’y aller tous les jours pour nager, marcher, lire ou simplement penser… et je m’y suis tenu. Barcelone me guérira-t-elle des années d’errance ?
Voici #HolaBarcelona — Journal de septembre :
Madrid ou Barcelone ?
Quitter Madrid fut une décision judicieuse, cette ville n’était pas pour moi. Je m’y sentais encerclé, en danger ; si j’y avais mes habitudes et mes plaisirs, si je lui reconnais de nombreuses qualités, je ne pouvais plus supporter l’étouffement qu’elle me provoquait. À chacun de mes retours dans la capitale, je percevais tout d’abord un sentiment excitant provoqué par l’énergie du lieu, ses terrasses occupées par la foule, son offre culturelle. Mais, peu à peu, il me manquait de l’espace, de la nature, du calme et des amis.
¿Unas cañas sobre las 21:00?
TimeOut révèle dans son enquête « Les 37 meilleures villes dans le monde en 2021 » que pour 64 % des Madrilènes, il est « facile de s’y faire des amis. » Nous ne devons pas avoir la même conception de l’amitié… Se donner rendez-vous pour boire une bière en terrasse entre connaissances à partir de 21 heures est bien sympathique, mais il m’a manqué des dîners entre amis, chez les uns, chez les autres. C’est bien simple, je n’ai jamais reçu aucune invitation en retour, si ce n’est pour… boire une bière en terrasse à partir de 21 heures. Et qu’on ne vienne pas me dire que la crise Covid ne favorisait pas les rencontres à domicile !
Dans un article sur la rivalité entre Madrid et Barcelone, je lis : « Les deux villes ont leurs avantages et leurs inconvénients. Barcelone a sa célèbre architecture moderniste et des kilomètres et des kilomètres de plages. D’un autre côté, Madrid est la capitale de la beauté et de l’élégance : des musées de classe mondiale, des restaurants à profusion et une vie nocturne si intense que les habitants sont fiers de se rendre au travail après moins d’une heure de sommeil. »
En comparaison, le sondage TimeOut indique que 83 % des habitants ont attribué une note élevée à Barcelone pour sa culture et 85 % pour sa gastronomie. En outre, la liste met en exergue la librairie Finestres : aucune autre ville ne peut se targuer d’avoir ouvert une librairie de 600 m2 pendant la pandémie !
Bref, l’architecture moderniste, les kilomètres de plages, la culture, la gastronomie, les librairies Finestres ou Altaïr (découverte avec Mercedes)… autant de raisons personnelles de préférer Barcelone à Madrid.






Ai-je mentionné les kilomètres de plage ?
À Genève, j’évoquais :
L’eau, pour un natif du signe des Poissons, c’est essentiel ! Entre 2006 et 2020, j’ai toujours vécu au bord de l’eau… D’abord à Hambourg : l’Alster, l’Elbe, et toute proche, la mer du Nord ; ensuite à Chennai : le golfe du Bengale et l’océan Indien ; enfin, à Tanger, entre la mer Méditerranée et l’océan Atlantique. C’est sans doute pour cette raison que j’ai toujours rêvé de m’installer à Amsterdam…
Reprenons la même liste, mais vue à travers le prisme du lieu de vie : à Chennai, Tanger et Madrid, j’ai vécu dans des quartiers populaires, pittoresques et denses (Kodambakkam, l’ancienne médina et Lavapiés, respectivement). À Hambourg (Winterhude) et à Barcelone (Poblenou/@22), je bénéficie de larges avenues, d’édifices modernes et d’espace. Je réalise que j’ai maintenant besoin de cette organisation homogène. Le paysage urbain me fait même penser à certaines villes néerlandaises, comme Rotterdam : gothique, moderne, futuriste.
Un aujourd’hui, un demain
Après Rio et Copenhague, Barcelone re-deviendra en 2026 la capitale mondiale de l’architecture UIA-Unesco (elle l’était déjà en 1996… c’est dire). Le 22@, (mon) quartier industriel attenant à la Barcelone olympique, a su recycler ses entrepôts et créer du neuf avec un respect du patrimoine existant, comme en témoigne le Musée Can Framis. Au sortir de la pandémie, ce besoin de qualité de l’espace public est perceptible aujourd’hui à Barcelone qui réfléchit à apaiser la ville en la rendant aux habitants, en réduisant le trafic automobile et en favorisant les mobilités douces.
Mais rendre la ville aux habitants impose aussi d’aborder la question de l’habitat indigne ou de ceux qui n’en ont pas du tout…

Obligé par diverses démarches administratives, j’ai parcouru le cœur historique de Barcelone : la Ciutat Vella, le Raval et le Gótico. À nouveau, la sensation d’étouffement m’a sauté à la gorge… Les odeurs d’épices indiennes ou africaines, les bribes de conversation en arabe ou en hindi, le linge qui pendait aux fenêtres, tout ce qui m’enchantait alors en Inde, au Maroc ou en Amérique du Sud me poussait à rebrousser chemin !
Il n’y a d’homme plus complet que celui qui a beaucoup voyagé, qui a changé vingt fois la forme de sa pensée et de sa vie.
Lamartine (que je citais à mon retour d’Afrique)
La Diada… à Badalona !
À Barcelone, je n’explore plus en cercles concentriques (selon une vieille habitude contractée à Chennai) : je vais où je veux, quand et comme je veux. Je suis même allé à Badalona… à vélo ! Après avoir retrouvé Muriel et Susana dans une capitale toute pavoisée et revendicatrice en ce jour de Diada, nous avons enfourché nos bicyclettes et sommes partis pédaler le long de la côte. En bref, la Diada, la fête nationale de la Catalogne, commémore une défaite (!), celle du peuple catalan contre les troupes de Philippe V d’Espagne, le 11 septembre 1714 (d’où la minute solennelle à 17 heures 14).
Léger, à vélo ou à pied
J’étais déjà bien amateur de vélo achteruittrap, mais si vous ajoutez la présence de Muriel et de Susana (¡ay! Susana, coraçao) le soleil, le tinto de verano et le déjeuner en bord de mer… Et quel plaisir d’accueillir ceux qu’on aime dans une nouvelle ville ! J’ai enfin revu mon père et Naïma, et leur ai fait découvrir un de mes endroits favoris, la basilique de Santa María del Mar (connue aussi par le livre La catedral del mar, d’Ildefonso Falcones, et la série du même nom). Un lieu symbolique très émouvant, construit par et pour les gens simples (contrairement à la Cathédrale de Barcelone). Ce sont en effet les débardeurs du port, connus sous le nom de bastaixos, qui déplacèrent sur leur dos les blocs de pierre depuis la carrière de Montjuïc (les touristes pourront s’essayer à la balade d’une heure, sans charge sur le dos…)
Feux d’artifice et bouquet final en catalan
#HolaBarcelona — Journal de septembre sera aussi l’occasion :
- d’admirer les feux d’artifice de la Festa major de Poblenou et de la Mercè, ce dernier étant tiré simultanément de quatre endroits distincts de Barcelone, excusez du peu…
- d’écouter en plein air la voix prometteuse (c’est ce qu’on dit d’un artiste encore un peu vert) d’Iris Deco et celle, époustouflante cette fois, de Gessamí Boada…
- de lire Le pays des autres (Leïla Slimani) et Indices (Zadie Smith)
- de déboucher au gré d’une balade sur la Plaça de Jean Genet puis sur la plaque commémorative du poète Joan Salvat-Papasseit (apposée juste au-dessus de mon magasin de café)
- et, bouquet final, de retourner en classe pour mes premiers cours de catalan ! La prof est géniale et le groupe dynamique ; comme nous terminons à 18 heures, cela nous permettra d’aller… boire une bière avant 21 heures !
D’aucuns penseront que je suis arrivé à Barcelone avec deux ans de retard ; je préfère dire que je m’y suis installé à mon rythme, sans perdre mon souffle (même à vélo) et que és per llogar-hi cadires !
#HolaBarcelona — Journal de septembre se terminera sur ces quelques mots du poète catalan… Adeu !
La casa que vull, que la mar la vegi […] i quan surti el sol, que el bon dia em digui. Joan Salvat-Papasseit — La casa que vull
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