#HolaBCN — Vagues à l’âme

Dans ce tourbillon, délicate une feuille virevolte en tombant


Cela arrive par vagues sans s’annoncer cela reflue recouvre tout. Le raz de marée emporte toute velléité d’aller de l’avant, tout projet tout plan, d’un clic disparait l’activité du calendrier, la respiration se tranquillise l’horizon se dénoue… #HolaBCN Vagues à l’âme

La mer argentée et le ciel gris se confondent, à l'horizon un voilier solitaire #HolaBCN Vagues à l'âme © Gilles Denizot 2022
#HolaBCN Vagues à l’âme 30/10/2022 © Gilles Denizot

Ce n’est pas que la vie ne soit pas belle, douce, passionnante. C’est qu’elle est devenue inutile, vide de ce qui la rendait palpitante, couleurs muées en teintes sobres de la voie du milieu, ni éclatantes ni délavées. Je la regarde cette vie quand le ciel change et me tourne autour, ce sera suffisant pour aujourd’hui, mais tu n’es pas sorti non c’est vrai et tu ne sortiras pas, peut-être demain. Oui, demain peut-être

Tous ces gens courent d’un sens de l’autre, cric cric cric cric crisse le sable foulé tandis qu’assis, je plonge dans le livre du moment, je m’extrais du monde qui avance en haletant. Horaire d’hiver, l’Inde moite est maintenant à 4 heures 30 de moi, plus lointaine encore qu’hier

Absence totale d’aptitudes sociales, ne plus savoir comment entrer en contact, s’identifier simplement, échanger. Déjà que je ne savais le faire qu’avec les élèves, à travers l’émotion de la voix, l’indicible… alors à présent ?

D’autres passions sont nées, mais l’indicible s’est tu. Que reste-t-il de cette force ? Et, même si… le mur s’est lézardé il s’écroulerait probablement, dix ans ont passé, les meilleures années, il faudrait de nouveau labourer, assainir, planter, nourrir, faire croître… une tâche surhumaine pour un terrain vicié

À quoi tout cela sert-il ? Trente ans de traitements, tant de gens qui m’ont devancé (‘Oft denk’ ich, sie sind nur ausgegangen’), trente ans de résultats qui se maintenaient avec audace, puis, du jour au lendemain patatras ! Au ras des pâquerettes impossible de remonter, bilan après bilan la peau de chagrin s’étiole, encore 160 et il n’y en aura plus

Arrive ce temps entre Diwali et la mi-novembre. Un mois entre deux dates marquées d’une pierre blanche, entre l’autre côté de la barrière et le pied qui patauge dans la pluie… Depuis six ans sans le vouloir quelque chose me revient, se rappelle à mon souvenir et m’aspire dans ce tourbillon, délicate une feuille virevolte en tombant

Par chance, il y a de la lumière quand plus au nord tout est déjà sombre et froid, plus que deux mois de dégringolade vers l’an prochain, cela semble possible, supportable

et si rien ne changera fondamentalement, des jours auront passé, une autre saison se profilera, d’autres goûts, d’autres lectures, raz de marée inexorable immuable muet

Odeur du temps brin de bruyère

Guillaume Apollinaire, L’Adieu, Alcools, 1913

#HolaBCN Vagues à l’âme


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