#HolaBCN — Tremblements

Le vent m’emportera


Je suis allé faire un tour dans une librairie. Alors que les dépêches se succédaient, que les bilans des morts ne faisaient qu’empirer, je remarquai un livre de poésie… #HolaBCN Tremblements

Un sol pavé sur lequel se projettent des ombres #HolaBCN Tremblements © Gilles Denizot 2023

Les images du séisme en Turquie et en Syrie envahissent nos écrans et nos quotidiens. Puis, elles seront reléguées en arrière-plan pour laisser place à la crise suivante. Une rubrique de plus dans les applications d’actualités, comme pour la guerre en Ukraine. Nous semblons vivre avec de loin, mais nous ne remarquons plus les banderoles pacifistes qui avaient alors fleuri de ci, de là. La surcharge émotionnelle ne nous permet plus de traiter ce flot incessant de mauvaises nouvelles.

Alors que les dépêches se succédaient, que les bilans des morts ne faisaient qu’empirer, je remarquai un livre de poésie…

El vent se m’endurà (Le vent m’emportera) Abbas Kiarostami

Un paysage typique des films du réalisateur iranien orne la couverture, la route le traverse, à perte de vue. Je me suis souvenu du cycle Retrouver Kiarostami : les années Kanoon à la FilmoTeca, en particulier de sa Trilogie de Koker سه‌گانه زلزله du nom de ce village du nord de l’Iran, qui fut dévasté par le tremblement de terre du 21 juin 1990, causant la mort de 50 000 personnes. J’ai feuilleté l’ouvrage. J’adore feuilleter les ouvrages en librairie, mais toujours avec grand soin. Les textes en catalan étaient accompagnés de la version originale en farsi. J’en avais les sons en tête, musicalité sensuelle. Voir un texte non traduit, même dans une langue que je ne parle pas me séduit toujours autant. (Je me pose beaucoup de questions quant aux traductions de poèmes…) J’ai fait une photo du recueil et l’ai ajouté à ma liste de livres, pour plus tard.

Ce matin, j’ouvre le programme en ligne de mes cours de catalan. La leçon s’intitule : Hi ha hagut un terratrèmol (il y a eu un tremblement de terre.). Je n’en crois pas mes yeux, nul besoin d’un dictionnaire pour en comprendre le sens ni son vocabulaire ad hocesfondramentpatrimoni protegithistoricoarqueològic…, les francophones auront déduit d’eux-mêmes.

C’est ma manière personnelle de traiter l’information. Relier entre eux les souvenirs qui remontent à la surface, établir une connexion, mon père dirait : sublimer. La sublimation est d’ailleurs un outil de mécanisme de défense pour lutter contre les états affectifs dépressifs et représente un degré d’adaptation optimal face au stress. Chabrol, Henri. « Les mécanismes de défense », Recherche en soins infirmiers, vol. 82, nº 3, 2005, pp. 31-42.

Je sublimerai peut-être les séismes en Turquie et en Syrie en me plongeant dans la poésie de Kiarostami. Le Centre de culture contemporaine de Barcelone (CCCB) propose bientôt, en hommage au cinéaste à l’occasion de la traduction en catalan de sa poésie, une séance avec dialogue et lecture accompagnée par une improvisation au santour par Iman Siuof. Quand l’avion m’emportait d’Inde (autre pays du santour) en direction de l’ouest, il survolait souvent des régions montagneuses très proches de l’Iran, de la Syrie, de la Turquie…

Premier rêve nocturne par Iman Siuof et son santour

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