Le soleil torréfie dès l’aube
Paul et ses Variations de liberté, de retour sur ses pas, d’être soi (c’est pas rien), de t’aurais dû faire, d’un repas sous le grand acacia, de creux dans la poitrine, du bruit des jours gymnopédiques. Le soleil, encore. Toujours plus cuisant.… Voici #HolaBarcelona août 2023
Raté l’expo La ciutat en disputa: Experiments col·lectius entorn de l’habitatge social al sud d’Europa. En 1974, un train déracine un homme d’Espagne et le transplante en Suisse. Peut-être ai-je croisé cet homme ou ses frères, dans les rues de Genève. L’exil encore, qui découd les liens.
L’exil est notre condition première, ontologique (le petit d’homme expulsé du noir fœtus) ou politique (images d’Evangelia Kranioti).
Fabien Ribery, Méditerranée, à se coudre et découdre l’œil
Les pérégrinations aléatoires offrent des découvertes : une antiga massana rose fuchsia et quelques plantes, toutes sous contrôle populaire. Où ça ? Carrer de les Floristes de la Rambla, celles-là mêmes auxquelles le poète avait déclaré :
Amigas floristas, con el cariño con que os saludo bajo los árboles como transeúnte desconocido, os saludo esta noche aquí, como poeta, y os ofrezco, con franco ademán andaluz, esta rosa de pena y palabras: es la granadina Rosita la Soltera.
Federico García Lorca, Barcelone, 1935
Un glop de 35 Rhums, d’un Atlantique ou d’une Méditerranée et son pêcheur. À la FilmoTeca, il y a Gregory Peck et Audrey Hepburn, la Ley del deseo et la Règle du jeu. Luis Buñuel et Figueroa, Almodóvar et Jean Renoir.
Lever de soleil jaune sur ciel gris, comme en Inde. Les oiseaux tournoient dans l’air lourd, j’étouffe. Variations, encore, de rentrer là-bas, d’angoisse, de joie à l’horizon, de voyage au long cours, d’Inde qui n’est pas un pays mais une manière d’être plus violemment et puissamment au monde. C’est vrai.
Que diriez-vous d’une excursion à Balaguer ? Petit Béziers au cours d’eau charmant, bordé d’arbres verts dont les feuilles dansent sous le vent. Ses murs ocres, ses façades colorées, ses maisons natales. On m’y parle en catalan, on y lit un poème de Joan Maragall ? Ainsi, cette ville est accueillante. Arpentons le Castel Col·legiata de Sant Pere d’Àger à la tombée du jour. Gravissons la Mare de Déu de la Pertusa à son lever. Saluons Susana et son Aragon, alors que les aigles tournoient au-dessus d’un canyon aride. Souvenir #Off2Sudamérica asséché du nord de l’Argentine. Vertige. Descendons sur Terre et déambulons-y. Sous les galeries ombragées de la place, il y a jour de marché. Des fromages et des semis orphelins attendant d’être adoptés, transplantés, mangés. Le dédale des rues, un gitan vindicatif, du bric-à-brac et des puces, els carboners (mon premier fut à Tanger) et la soca du caganer. Dans le haut de la ville, on constatera encore que de la guerre, personne ne sort jamais gagnant. Recueillons-nous un instant, pour eux, pour lui. Puis, portons le regard au loin, vers cette maison blanche et son jardin suspendu, luxuriant. Un figuier de barbarie y croule sous les fruits jaune orange. Nouveau souvenir de Tanger, là où cette aventure a commencé ; des années après, dans la nuit du jardin, une pluie d’étoiles a filé…
Adéu, Sant Josep de Fontdepou, et merci. Tu es un petit paradis sur Terre, peuplé de femmes au grand cœur. Dichosa la rama que al tronco sale. Entre café et vermouth, quelques gouttes d’eau. Escapade fraîcheur entre les bonsaïs. L’architecte a posé des pierres, les a entrelacées de fer, on y lirait volontiers.
Retrouver la fournaise, à contrecœur. Se le remplir, ce cœur, de confitures emballées d’amour de la mare. Les fruites i els amors, els primers són els millors.
Refresca’t a la FilmoTeca, bière gratuite à la Monroe. Sous la démolition, la fête. Que us bombin! semblent dire ceux qui y habitent encore. Brutal.
Nouvelle variation : marcher dans le soleil au creux du silence de Salima El Mandjra, lecture architecturale recommandée par Stéphanie des Insolites de Tanger. Des mots et des dessins se reflètent sur les verres incandescents de la cité bruyante. Manhattan à BCN deviendra Jazz à NYC, sous le regard noble de Santiago Rusiñol et les rires des touristes argentines qui ne votent pas. ¡No Hay Paella, boludos! Brutal.
Refresca’t a la FilmoTeca et bière gratuite à la Monroe, les pigeons photos en noir et blanc. Les persiennes déroulées, roulées, enroulées. Répétez trois fois Calle de Tantarantana, pour voir lequel le premier rira…
Refresca’t a la FilmoTeca et bière gratuite à la Monroe. Ce livre rose cocote l’eau de vieux beau. On ne prête qu’aux riches, comme d’hab… Jalousie ? Non, ras-le-bol. Des poèmes carnets de voyage, il y en a d’autres que Gallimard ne publie pas, des histoires que personne ne lit. Il y a le Tamil Nadu, mais il sent le rance comme le reste, de cette préciosité d’exception culturelle française. Au lit Papi.
Refresca’t a la FilmoTeca et bière gratuite à la Monroe. Un sous-sol frais aux amples écrans démultipliés, une salle de jeux rien que pour moi. Pour moi aussi, le cloaque Razzmatazz de la nuit qui tue, des matins qui puent la pisse et les canettes défoncées. Ras-le-bol itou.
À Madrid, c’était une merienda d’oranges amères. À Barcelone, c’est un berenar de confitura d’albercocs, comme à Paris. Il fait tempête sur la côte et arc-en-ciel sur fond rose. Tanger, toujours Tanger.
Immersion paperasserie et clin d’œil, rue Monturiol, à l’inventeur JulesVernien du sous-marin Ictíneo. Il est au cimetière, non de Balaguer, non de Tanger, oui de Poblenou. Pourrions-nous aller des profondeurs de la mer jusqu’au ciel à bicyclette (on croirait entendre Montand) ? Énième cita prèvia à l’Ajuntament de Sant Martí où on ne me parle qu’en espagnol, collons. D’une main, repoussons une nouvelle invasion colombienne pour s’approvisionner en livres de la seconde. L’hiver ne peut pas être bien loin. La reine des bolets dit qu’il est distrayant d’apprendre le catalan en lisant ? Envoie-moi déjà mon certificat B2.1, que j’aille voir ailleurs si j’y étudie.
No apta, princesa.

#HolaBarcelona août 2023
En savoir plus sur de ci, de là
Subscribe to get the latest posts sent to your email.