Dès mes premiers pas dans la section poésie, sa couverture m’avait attiré. Un roux chaud qu’on désire, un corps qu’on veut toucher

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Une brèche sur les façades typiques de brownstones new-yorkais, les fire escapes d’Audrey Hepburn, les Jets et tous les moments passés entre ciel et terre, mégots lancés contre souffle de la cité… #HolaBCN Jazz à New York

Enfin, le titre : Jazz
(et la playlist qui va avec ce billet)

https://open.spotify.com/playlist/3vIYDtPMMhGmlzetuLRjzY?si=fbef13a11a484863

L’auteur m’est alors inconnu, mais Àngels Gregori sonne bien. Comme C. qui dévorait Woolf avec tant de gourmandise et m’invitait dans son univers, j’aime les noms avec voyelles, surtout le i. « Parce que le son i apporte toujours de la luminosité », disait-elle. Un recueil de poésie en catalan, on appelle ça un poemari. C’est tout un poème ce mot : pOEmArI. Il n’y manque que le U, mais on dit bien Un pOEmArI (le compte est bon) ce qui est arguably un des plus beaux mots en catalan, presque un prénom, non ?

Jazz, New York, pOEmArI, j’ai pris le livre en main. J’aime la poésie de ce coin du monde, elle crépite dans de petits espaces qui s’amplifient jusqu’à englober

una pàtria tan petita
que la somio completa

Pere Quart, pseudònim de Joan Oliver

C’est Jaume Subirana qui m’a guidé dans l’exploration de cette littérature. Il appréciera Maine, en pages 55-56, le pêcheur et son poisson effiloché (esfilagarsat, en catalan, fabuleux…). Je le partagerai avec lui au deuxième trimestre, quand il enseignera Història de la lectura en tandem bilingue avec Victoria Cirlot, le luxe absolu.

Lletra per a un jazz… NYC, c’est Miles, Thelonius et 30 ans de Fred Hersch (tiens, Fred jouera à Bruxelles le 31 mai…) NYC, c’est aussi, parfois, Rock & Roll & Go

De l’exil, involontaire ou non, il est difficile de parler. Les Catalans de ce siècle bref, auront pourtant réussi cela. Ils ne seront pas les seuls, mais quand on est exilé dans un ailleurs qui devient sien, par force, alors oui, on se reconnait. Certaines villes nous prennent à la gorge comme jambes au cou et nous imposent de fuir. D’autres nous plongent dans une mélancolie extrême, de celles qui ne se dissolvent qu’en errant, flânant, se promenant selon le degré de mal-être. Puis il y a New York qui, moi, m’a toujours tapé où et quand il le fallait. Push push, step aside sir, push. Barcelone pue aux coins de certaines rues ; New York, elle, fume d’en dessous. Sexy.

Nova York és el vapor sortint del clavegueram

(New York est la vapeur sortant de l’égout)
Carta d’amor a la ciutat, page 34

NYC est une silhouette féminine qui se rafraîchit les jambes quand passe le train 6
STAND CLEAR OF THE CLOSING DOORS
Elle a les gratte-ciels gratacels insolents en page 25
Le sky-high-line audacieux, avantageux

Skyline est une lettre d’amour aux gratte-ciels qui scintillent au clair de lune. Le compositeur norvégien Ola Gjeilo s’inspire ici du réconfort que lui procure la nuit new-yorkaise. Nombre de ces somptueux morceaux de piano épurés sont nés d’improvisations enregistrées dans les heures calmes qui suivent la tombée de la nuit.

Les crépuscules qui reflètent, réfléchissent et miroitent
la nuit qui vient pour toi, le brouhaha push push
Southbound? Brooklyn? Harlem? I’m gonna call you an Üb
Avez-vous jamais pensé à la multitude de râles orgasmiques
qui vrombissent à tout moment à NYC ?

NYC aux touches bleues, d’encre et de filth
Meatpacking filth, non mais rien que ça, déjà ça te titille
Ça te gratte là en bas, doors opening
Rachelle scatte au Blue Note, let’s go
(le billet m’avait coûté un œil, mais on voit très bien rien qu’avec l’autre)

Aftertaste du Montreux Jazz Festival en juillet 1991
(cet été-là, oh ! cet été-là fut le début de la fin)

Le lever de soleil à Manhattan est toujours plus doux depuis l’autre rive
As seen depuis la terrasse, la limo, le coin du lit, hagard
Crown Heights et l’humble diner où le vieux monsieur te servait des grits
don’t ask don’t tell

Àngels Gregori n’est pas un homme, c’est une femme (et quand je m’en suis rendu compte en fin de poemari, je l’ai relue à reculons from finish to start)
Apollo n’est pas une fusée, c’est une planète à Harlem and it’s showtime!

#HolaBCN Jazz à New York