Il y a des jours comme ça où tout vous tombe des mains.
Mais il y a aussi des déambulations au petit bonheur la chance qui vous rappellent le Japon à Paris… #HolaBCN Déambulation gothique

En général, cela m’arrive un jour par semaine. Cela a commencé de retour du cinéma, alors que j’allais éteindre la lumière. La lampe de chevet, si pratique pour lire, qui choit sans se casser ni s’éteindre (elle n’en est pas à sa première tentative) annonça la couleur. Cela se poursuit depuis mon réveil : les multiples marque-pages que Mercedes glisse entre les pages des livres qu’elle me prête ; L’élégance du hérisson en est truffé… L’eau frémissante qui déborde de la théière et inonde tout autour… C’est à croire qu’il a deux mains gauches, comme dirait l’autre.
En prêtant la plus grande attention à ne pas renverser ma tasse de genmaicha, (une de mes grandes spécialités, je tremble à l’idée que cela se produise lors d’une cérémonie japonaise et que la poudre de matcha macule le tatami), je lance l’intégrale d’Akira Kosemura en aléatoire (elle démarre avec… Fallen Flowers !) et respire profondément la vapeur de thé…
J’ai donc revu An (Les délices de Tokyo, en français ringard) sur le grand écran de la FilmoTeca. Un pur… délice, j’ai déjà mon billet pour la séance de mardi. Je m’en réjouis d’autant plus que, cette fois, je me suis organisé. Après avoir tenté sans succès de dénicher la fameuse friandise, j’ai maintenant noté les adresses des pâtisseries japonaises à Barcelone spécialisées dans la confection de dorayakis. Mardi, j’irai m’en acheter deux. L’un pour avant la projection, je veux ce goût en bouche durant tout le film, et l’autre, dans lequel je mordrai sur le chemin du retour.
Il y avait bien un Mr Kakigori sur la Rambla del Poblenou, à côté de la maison, sans doute été remplacé par un énième local d’empanadas argentines. Fermée aussi la bien-nommée pâtisserie Dorayaki, au 26 Carrer de la Princesa, et Ikkiu, au 9 de la même rue. Dommage, car j’y passe pour aller à la FilmoTeca. J’irai donc chez Ochiai où je serai certain d’en trouver, à prix toutefois exorbitant. Pour les amatrices de cruasanes, le Maître Takashi Ochiai élabore aussi un croissant au thé matcha… (J’dis ça, j’dis rien.)


An était le troisième film du dimanche. La séance avait commencé par Ni tsutsumarete (1992) suivi de Kya ka ra ba a (2001), deux moyen-métrages de Naomi Kawase dont la thématique tournait autour de son père. Un homme qu’elle n’a jamais connu, mais dont sa mère fut éperdument amoureuse. La réalisatrice part sur ses traces, le localise, il meurt. C’est alors qu’elle rencontre un tatoueur auquel elle présente trois photos jaunies. Sur l’une d’entre elles, on distingue des dessins irezumi sur le corps du géniteur. Était-il donc yakuza ? Les deux artistes entament une discussion passionnante. Il lui demande des explications, les raisons qui motivent son projet de reproduire les motifs paternels, la signification profonde et ancestrale de l’art irezumi au Japon, son exclusion de facto de la bonne société nippone si elle venait à franchir le pas. Enfin, la douleur de la procédure, réalisée de manière traditionnelle : l’encre est insérée sous la peau au moyen d’un manche en bambou. Une séquence philosophique qui touche à l’identité de celles et ceux qui sont passés par là, qui vivent et mourront avec cette encre sous la peau.


Je disposais d’une heure et demie avant le troisième film, j’ai déambulé au petit bonheur la chance dans le Gòtic. J’y ai découvert Čaj Chai, Carrer Salomó Ben Adret en plein cœur de l’ancien quartier juif. L’échoppe n’avait pas de dorayakis (pourtant annoncés), mais de belles tasses en grès, des infusions ayurvédiques et un mélange Barcelona Dream à 6 € les 50 grammes. On leur dit, aux bobos, que le rêve barcelonais ne vaut pas ce prix ? Passons plutôt entre les colonnes du Mercat de la Boqueria (que le site internet qualifie de meilleur marché du monde, autre attrape-bobos). Cela me rappelle une promenade nocturne à Paris qui nous avait conduits jusqu’à la rue Saint-Anne, Higuma et ses gyozas d’anthologie. Le végétarien n’avait pas pu en manger, mais il les a depuis découverts en version légumes au supermarché du coin. Et dire que nous avions raté De Nara vers le monde – Carte blanche à Naomi Kawase 河瀨直美監督特別イベント「奈良から世界へ」à la Maison de la Culture du Japon à Paris, ce lieu que j’aime tant…



Sakura sur le dorayaki (ou, comme dans le film, dans la pâte an de haricot rouge), c’est aujourd’hui que commence le festival de la semaine dorée ゴールデンウィーク à la Bibliothèque Jaume Fuster.
Banzai!

#HolaBCN Déambulation gothique
En savoir plus sur de ci, de là
Subscribe to get the latest posts sent to your email.