Un jasmin aux fleurs odorantes et une rose argentée.
Parce que Sant Jordi est derrière nous, parce que les mots l’opération s’est bien déroulée ont heureusement fini par arriver. Bien que le jasmin soit sa fleur préférée, ce billet parlera d’une rose, dans laquelle s’est glissée une goutte d’huile de Perse… #HolaBCN Jasmin et rose

Il n’y aura pas eu de visite guidée par Carolina Astudillo de l’exposition Fora de casa à la FilmoTeca. J’avais pris la peine de réserver par email, j’étais à l’heure, pas eux. Sentant que j’allais avoir des difficultés à maîtriser ma colère, j’ai appliqué le conseil de Swâmi Sivânanda Sarasvati et me suis tout de suite éloigné.
Il n’y aura pas non plus eu de bière sans alcool à La Monroe, où j’ai attendu 10 minutes qu’on veuille bien prendre ma commande. Sentant vraiment la colère monter, j’ai appliqué le conseil de Swâmi Sivânanda Sarasvati et je me suis lancé dans une promenade d’un pas alerte. J’avais une petite heure à tuer avant la projection de Der Rosenkavalier, le film muet de Robert Wiene (1925 · 105′). Une séance très spéciale, accompagnée par l’Orquestra Simfònica Victoria de los Ángeles.


En marchant, je pensais au Rosenkavalier. La popularité de cet opéra fut telle, qu’après sa première au Semperoper de Dresde en 1911, Richard Strauss composa lui-même la bande originale du film qui fut créé au Semperoper, dirigeant lui-même l’orchestre, en 1926. Pour les amateurs d’enregistrements discographiques, la première intégrale fut dirigée par Marek Janowski. Vous aimez les films muets ? Le dossier The Realm of Silence vous passionnera. Mais c’est le film complet, depuis le Semperoper de Dresde, qui transmettra le plus fidèlement l’expérience vécue à la FilmoTeca :
Ironie du sort, la courte vidéo promotionnelle d’OperaLab 2011-2012 (juste avant de partir en Inde) incluait un extrait du trio final de l’opéra. Cet immense moment pour trois voix féminines est un incontournable de l’art lyrique. Plus difficile que d’autres Meilleurs moments de l’opéra (je pense aux duos féminins dits des Chats, des Fleurs, et autres Barcaroles…), il est donc moins dévoyé. Comme « Mir ist die Ehre widerfahren... » du second acte, ici dans la version de l’Opernhaus de Zurich (qui présente toujours de belles productions, ma mère m’y avait vu dans Un Ballo in maschera…)
À Chennai, cinq ans après avoir pris en main le programme SVP et l’enseignement du chant lyrique, deux élèves abordaient ce même duo. C’est dire le chemin parcouru. J’ai quelque part un enregistrement, tellement bien caché que je ne le retrouve pas. Peu importe.
Plus récemment, ma mère m’a fait la surprise de me proposer de l’accompagner au Grand Théâtre de Genève : Der Rosenkavalier, dirigé par Jonathan Nott et mis en scène par un certain Christoph Waltz. Un copain avait réagi, interloqué, sur Mastodon : « il fait de la mise en scène, Christoph Waltz ? » On annonçait un Chevalier à la sauce DSK, ce qui ne m’enthousiasmait guère. C’était probablement un coup du service marketing, parce qu’au final, heureusement, ça n’avait pas grand-chose à voir. Une vision rafraîchie et convaincante de l’œuvre.
Cet extrait donne à voir le processus de création à l’opéra. À 2’22, on note clairement le moment où la comédienne est aussi chanteuse et musicienne, prête à saisir le signe furtif de la baguette du chef pour lancer sa réplique au moment adéquat. Pour les adeptes des podcasts, il y a ça. Pour aller plus loin, il y a cet excellent dossier pédagogique.
Mention spéciale pour l’excellent Matthew Rose (le bien-nommé ici) qui, et c’est rare dans le rôle du Baron Ochs von Lerchenau, ne beuglait pas, mais chanta toutes les notes. Toutefois, entendre et voir Bo Skovhus, que j’aimais tellement, m’a causé encore plus de tristesse que l’Altoum de Siegfried Jerusalem à 83 ans au Liceu. Arrêtez, les mecs. Arrêtez. Tout le monde n’est pas Hugues Cuénod. Je n’oublierai jamais son Monsieur Triquet, à 84 ans, au Grand Théâtre de Genève. C’était en 1986 et j’y avais un tout petit rôle de figuration…



Comme le dit Christoph Waltz : « Have you ever been in love? Have you ever been left? Have you ever worried about getting old ? Have you ever worried about what’s the point of life? What are you going to do with your time that you have? If you’ve had those questions, you come to this piece and you will be shown something that gives you comfort, but it also will underline your own fear. »
Die Zeit, die ist ein sonderbar Ding (Le temps, c’est une chose étrange…), chante la Maréchale au premier acte. Je pense soudain que, dans le temps, j’avais la partition reliée édition luxe. Où se trouve-t-elle maintenant ? Comme quoi, le matériel n’est que vanité. Le temps qui passe. Silencieusement, comme un sablier. Parfois, je l’entends couler inexorablement… La réalité virtuelle est parfois indélébile : un de mes souvenirs d’enfant est un flacon en bois qui contenait de l’huile essentielle de rose. Pour rédiger ce billet, j’ai donc préféré écouter l’album Viennese Lute Music (il fallait trouver) par Toyohiko Satoh… délicat à souhait.
Le moment le plus touchant de l’opéra est, selon moi, les derniers mots de la Maréchale. Elle passe au bras de Faninal, aperçoit son ancien amant Octavian et la jeune Sophie en pâmoison. À Faninal qui lui dit : « Ils sont comme ça, les jeunes ! », elle ne répond que deux brefs : « Oui, oui », et quitte la scène.
The End.

#HolaBCN Jasmin et rose
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