Des nuages passent dans le ciel matinal.
Un jour sur deux. Un quartier puis l’autre. À vélo pour monter, la descente à pied… #HolaBCN Fermer les yeux

On ne peut pas gagner à tous les coups. Alors, on alterne entre forêt japonaise en hiver et voyage taïwanais au printemps (face à un navet chinois qui m’aura énervé au point de sacrifier un récital de poésie nippone). Tout n’aura pas été en vain, j’ai déjà trouvé un prochain Murakami (Kafka on the shore, quand After the quake sera enfin arrivé et lu). Cette nouvelle libraire pour influenceuses anglophones ne vaudra jamais Finestres. (Next, donc.)



On se sera étranglé devant le documentaire (aux belles archives) d’une Barcelone bourgeoise qui s’enivre de champagne pour ne voir ni les ouvrières, sœurs de l’Elionor (qui avait quatorze ans et trois heures quand elle commença à l’usine, Miquel Martí i Pol), ni les fascistes qui tendent le bras au Liceu. Mais picorez donc encore une croquette, chère amie, elle est fourrée au caviar. Comme on t’a prévenu que c’est monté avec une perspective féministe, tu n’as qu’à fermer ta gueule. Dans le même genre, j’ai finalement passé un (bon, j’estime) casting sous les yeux de femmes qui nécessiteront deux semaines pour se décider. Je ne me suis pas énervé, c’est déjà ça. On verra bien, car je ne crois plus guère en ces projets.



En revanche, j’aurais bien claqué le beignet à une certaine boulangère. J’attendais patiemment, en l’écoutant distraitement s’adresser à toute la clientèle en catalan. Arriva mon tour et hop ! elle ne parlait que le castillan ! De toute manière, les indépendantistes se sont fait laminer en Catalogne, autant pratiquer l’espagnol in loco parentis. Nous irons ailleurs : Nerea’s Bakery fait d’excellents croissants à la française (c’est-à-dire sans badigeonner la chose de sirop, hérésie catalane !), ils ont une carte de fidélité (plus tu manges de croissants, plus tu es heureux) et ils sont charmants ! Sans oublier Mayer sur la Rambla del Poblenou, leur offre quotidienne au rabais et leurs pâtisseries onctueuses pour attirer un certain Parisien à Barcelone. D’ailleurs, dimanche, il n’était pas 11 heures que, de ma liste, j’avais déjà coché : le pain, le linge (lavé et plié), longer la côte à vélo et lecture du journal sur le sable. Avec ce teint hâlé, je peux me brosser pour arriver à faire comprendre à la psy, qu’un jour sur deux, tout n’est pas aussi ensoleillé.



D’autant que j’ai réussi à rester assis durant les 169 minutes de Cerrar los ojos à la FilmoTeca. Encore une très belle toile, calme, subtile, sans l’infâme muzak qui s’infiltre d’ordinaire partout (en particulier dans les croquettes au caviar) et ne laisse aucune place à la narration. Le film dans le film (je ne dévoilerai pas l’intrigue) débute par un personnage immédiatement attachant : un juif sefardi de Tolède, né à Tanger, qui joue au piano (à queue) et parle chinois avec son majordome. On aime évidemment beaucoup. Plus tard, une pianiste portègne (de Buenos Aires, NDLR.) qui touche son clavier droit, tandis qu’un feu de cheminée réchauffe la maison sous la pluie battante d’Asturies. (Ne plus jouer de cet instrument me manque, je le concède.) L’amitié entre Miguel et Julio transcendera l’énigme en douceur, mais avec conviction. Voilà un scénario qui prend le temps de raconter l’histoire sans bousculer. Et cette réplique : « Un homme, ce n’est pas seulement une mémoire, ce sont aussi des sentiments et de la sensibilité ». Moi, j’irais volontiers vivre dans ce camping-garage-potager andalou, face à la mer vert émeraude et son horizon d’ondes de guitare, mais je serais probablement trop tenté de prendre le ferry pour aller en face…
Et, comme c’est lundi, un coup d’œil sur l’agenda de cette semaine (serais-je ministre de la Culture en devenir ?) : huit films en sept séances, un concert lecture, un opéra et un ballet.

Après quelques nuits pluvieuses et plutôt paisibles, il me semble bien que (tel Foix) c’est quand je dors que j’y vois clair.

#HolaBCN Fermer les yeux
En savoir plus sur de ci, de là
Subscribe to get the latest posts sent to your email.