#HolaBCN Le roi des rêves

Chicken or beef?


Dans le livre Queen of Dreams, écrit en 2004 par Chitra Banerjee Davakaruni, se trouve une phrase qui ne cesse de danser dans ma tête… #HolaBCN Le roi des rêves

Still, I think that before I die I would like to go to India—if only to lay to rest the ghosts that dance in my head like will-o’-the-wisps over a rippling sea. (page 92, Random House)

Pourtant, je pense qu’avant de mourir j’aimerais aller en Inde – ne serait-ce que pour que les fantômes qui dansent dans ma tête comme des feux follets sur l’eau puissent s’apaiser. (La reine des rêves, 2009) Chitra Banerjee Davakaruni

Breathing Light, Ashwin Srinivasan, Hélène Grimaud, Nitin Sawhney

Elle ne croit pas si bien dire… Cela fait un moment que je partage ce rêve. Certains jours plus que d’autres, quelquefois plus du tout. Souvent, en passant dans certaines ruelles du Raval, lorsque des effluves d’encens ou d’épices s’évadent vers un monde meilleur, lorsque des bribes de conversations jaillissent des murs.

Entre deux machines à laver ou entre deux séances à la FilmoTeca, il m’arrive même de me laisser tenter par un thali en plat du jour. Ce fut le cas vendredi dernier, après le consternant Passages (Ira Sachs · 2023 · 91′) et l’intéressant El sueño de la sultana (Isabel Herguera · 2023 · 86′).

Tease, tease, tease, just like her mother (Absolutely Fabulous, cité de mémoire)

Une réalisatrice de films d’animation espagnole – obtient un visa – et part en voyage en Inde. Elle y découvre un roman féministe transgressif de l’écrivaine du début du XXe siècle Begum Rokeya, qui imagine un pays dirigé par des femmes.

L’invité de la session était Gianmarco Serra, cocréateur, coscénariste et concepteur sonore du film (accessoirement, compagnon de la réalisatrice). Il avait apporté quelques planches à l’aquarelle, des figurines articulées qui apparaissent en ombres chinoises et des dessins peints à la façon du mehndī, ces motifs tracés au henné qui ornent les mains et les pieds au Maroc ou en Inde.

चुरा के मुट्ठी में दिल को छुपाए बैठे हैं
बहाना ये है कि मेहंदी लगाए बैठे हैं

Mon cœur volé dans ta paume tu caches
Avec l’excuse du mehndī appliqué

Meer Mehdi Majrooh (la version originale de ce sher est en ourdou)

On retrouve à peu près ces paroles dans Mehandi Mehandi, un tube du film Chori Chori Chupke Chupke (2001). L’histoire d’un couple marié engageant une jeune prostituée comme mère porteuse, c’est la controverse assurée en Inde. Détendez-vous, la solution jugaad (le système D français) n’est jamais loin : les trois compères s’envolent pour… la Suisse afin de mettre secrètement leur plan à exécution (ce qui inclut forcément des déhanchements Bollywood sur-nos-monts-quand-le-soleil, etc.) Chicken or beef?

Mehandi Mehandi Chori Chori Chupke Chupke (jamais deux sans trois)

J’aurais pu choisir l’autre tube de henné, Mehendi Hai Rachnewali, composé par mon ancien boss, mais comme on dit en hindi : faut pas pousser Mémé dans les orties.

Et Sultana’s Dream me direz-vous ? Eh bien, vraiment intéressant pour les dessins, parmi lesquels un lotus (emblème du parti nationaliste au pouvoir), condition peut-être imposée pour obtenir un financement ? Gianmarco Serra nous expliqua que les démarches en Inde furent difficiles et cela ne m’étonne guère. C’est surtout l’animation que j’ai appréciée, éminemment poétique et inventive. Quant à la manière de raconter l’histoire, si l’idée promettait au décollage, je me suis presque assoupi en cours de vol et, à l’atterrissage, je n’ai pas attendu l’arrêt complet de l’appareil pour sortir du terminal.

Pourtant, je pense qu’avant de mourir j’aimerais retourner en Inde – ne serait-ce que pour que les fantômes qui dansent dans ma tête comme des feux follets sur l’eau puissent s’apaiser…

Le Raval à Barcelone, un vieil homme coiffé d'un turban marche sur le trottoir, un panneau sens interdit est visible sur le portail en pierre ©GD24

#HolaBCN Le roi des rêves


En savoir plus sur de ci, de là

Subscribe to get the latest posts sent to your email.