Non.
Comme disait ma grand-mère : « Si j’avais su, j’aurais pas venu »… #NoVisa India Bong


Une variation, avant le thème ? Allez, je m’lance…
Il le lui dit.
(Silence)
C’est quand il le lui dit qu’elle se rend compte qu’il le lui a dit.
(Silence)
Sait-elle qu’il le lui dit ?
(Silence)
C’est elle qui le lui dit ?
(Silence)
Oui.
(La sempiternelle mélodie India Bong reprend.)
Alors, là, Mémère, on peut pas dire que tu m’cherches pas. Non, mais qu’est-ce qui m’a pris d’aller voir ce film ? J’ai bien ri, cependant, entre deux assoupissements. J’aurais volontiers fait une longue sieste, mais je me sentais glisser vers le ronflement et cela me réveillait en sursaut. Je lançais un coup d’œil à l’écran et constatais que l’image était la même qu’avant de fermer les yeux, que rien ne bougeait sous l’emprise de la sempiternelle mélodie au piano et de cette direction à la mords-moi-l’nœud. À Savannakhet, au Laos (prononcez Lâh-Aussssssse.)
L’épouse d’un diplomate français en disgrâce souffre d’une « lèpre de l’âme », autre terme pour désigner l’ennui. Grâce à un mélange de ragots hors champ, nous apprenons la conduite scandaleuse d’Anne-Marie dans l’Inde des années 1930 et son destin final, engendré par l’ennui, la culpabilité coloniale et une série de liaisons insignifiantes.
Cette voix intemporelle qui évoque quelque diplomatique officielle à l’Ambassade de France, alanguie sur son séant, déconnectée et dédaigneuse. Sous elle, des manants, des gueux, tous tendant leurs mains sales, pauvres et puantes. Vite, elle fait allumer une bougie, d’un parfumeur de la Rive gauche, à la délicate senteur mi-figue, mi-raisin. Oui.
On lui claquerait bien le beignet ? Oui.
On ne s’étonne guère de la promiscuité sexuelle dans laquelle se vautre Madame l’épouse de Monsieur l’Ambassadeur de France aux Indes. Ses mignons ont des allures de Claude François. La main délicate, ils fument nonchalamment (product placement vers la fin du film… merci la marque de tabac au chameau).
On rit sous cape quand on apprend que le vice-consul de France à Lahore est en disgrâce à Calcutta, après avoir été l’objet d’un scandale. (Il avait fait feu sur des lépreux, des miroirs et sur lui-même…).
On s’amuse des cris suppliants dudit vice-consul en disgrâce. On se risque à imaginer ce qu’il se serait passé si on avait crié de même, avec autant d’ardeur. (Suivent deux répliques d’anthologie : « Quelle dureté. C’est terrible. ») Entre nous soit dit, on aurait obtenu plus de résultats en tirant une longue rafale au fusil d’assaut. La presse en aurait parlé ; au moins un alinéa en bas de page d’un article sur la vente des 36 rafales, justement, alors qu’on suppliait Monsieur l’Ambassadeur de France aux Indes et ses aides évanescentes.
On prie Ganesh et ses potes de nous épargner la suite, sortie en 1976, et intitulée Her Venetian Name in Deserted Calcutta. Parce que faut pas pousser Mémé dans les orties, ah, ça, non.
On eut souhaité avoir fumé le bong, jusqu’à se faire péter le cervelet.
On vous propose un extrait ? Oui.
Cette lumière ? La mousson. Cette poussière ? Calcutta Central.
(Silence)
Il y a comme une odeur de fleurs. La lèpre.
(Silence)
Où est-on ?
(Silence)
L’Ambassade de France… aux Indes.
(Silence)
Cette rumeur ? Le Gange.
(Silence)
Après sa mort, il est parti des Indes ?
Oui.
Sa tombe est au cimetière anglais ?
Oui.
(Silence)
Morte là-bas ? Aux Îles. Trouvée morte une nuit…
(Silence)
Une Lancia noire file sur la route de Chandernagor. C’est là une première fois qu’elle…
Oui.
(Silence)
De quoi avez-vous peur ?
(Silence)
Anne-Marie Stretter…
(Très long silence)
Le soir… ils dansaient… Ils dansent…
(Silence)
(La sempiternelle mélodie India Song reprend.)
Sur quoi pleurez-vous ?
(Silence)
Je vous aime, jusqu’à ne plus voir, ne plus entendre.
Mourir.
(Silence)
Ainsi de suite, pendant deux heures.
Jusqu’à ce que mort s’ensuive.
Oui.
Décidément, non.

#NoVisa India Bong
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