#HolaBCN Casa la jeune

Casa, c’est tout ça.


Casablanca est la cité invitée pour la Mercè 2024. Le programme est riche, il faut donc choisir… #HolaBCN Casa la jeune

J’ai découvert Danser Casa (L’Aparté Théâtre), des chorégraphes Kader Attou et Mourad Merzouki. Créé le 6 avril 2018 au théâtre Moulay Rachid de Casablanca, l’Opéra de Paris l’avait accueilli en 2020 :

Projet un peu fou de création commune autour de huit jeunes danseurs marocains choisis pour leurs talents et leurs personnalités. La force brute qui soulève les danseurs, l’animalité soudaine qui les saisit, les véritables risques qu’ils prennent dans leurs acrobaties, tout ceci contribue à créer le climat tendu d’un danger imminent, d’où émergent des moments suspendus de grâce et de douceur. Cette énergie de vie qui nous parvient, c’est l’émotion intense de la jeunesse marocaine, la violence de sa condition, le souffle de son désir.

Danser Casa, avec huit danseurs et deux chorégraphes

Danser Casa, c’est inventer une danse généreuse, virtuose, très abstraite…

Kader Attou, Directeur du Centre chorégraphique national de La Rochelle

Après deux jours d’auditions auxquelles se sont présentés 186 danseurs, seuls huit ont été sélectionnés. Citons-les tous : Ayoub Abekkane, Mossab Belhajali, Yassine El Moussaoui, Oussama El Yousfi, Aymen Fikri, Stella Keys, Hatim Laamarti, et Ahmed Samoud. Vous avez bien compté, la troupe se compose de sept Marocains et d’une Congolaise… C’est déjà ça, c’est mieux que rien, mais une seule femme (étrangère, de surcroît) donne à penser. (On trouvera des réponses dans le film Haut et fort – Casablanca Beats). Le groupe assemblé, une année de résidence commence pour travailler les époques et les techniques de la danse hip-hop. Partout au Maroc, on voit des jeunes s’entraîner sans relâche, sur la plage, dans les rues… mais combien existe-t-il d’opportunités professionnelles ? Et chez nous, après avoir notamment été accueilli à la Grande Halle de La Villette en 2019 et au Montpellier Danse 2018 (la liste des tournées est impressionnante), pourquoi n’inscrit-on pas ce spectacle au Mercat de les Flors ? Cela vaut bien certaines productions faux-pas de la saison dernière…

Danser Casa, c’est un spectacle qui ne raconte pas d’histoires…

Mourad Merzouki, chorégraphe

Pourtant, j’y ai lu une trame qui n’était pas sans rappeler les scènes d’affrontement nocturne dans Iktsuarpok ou Casablanca Beats.

Cela m’a rappelé le travail théâtral de la compagnie Dakirat al Mostakbal – Mémoires d’Avenir (Éric Valentin et Abdelghani Bouzian) avec les jeunes de Tanger. J’avais spécifiquement vu Wadah Wedoh Echams en 2018, dans le cadre du Printemps des Livres et des Arts de Tanger. Souvenir inoubliable qui m’avait empli de nostalgie, alors que j’étais empêché de retourner en Inde où m’attendaient mes élèves…

À l’instar de Stella Keys, combien de jeunes filles accèdent au micro, pour dire Haut et fort ce qu’elles vivent à Casablanca ? Il me tarde de revoir le film de Nabil Ayouch (2021 · 101′), dont je parlais en décembre 2021 :

Quelques jours plus tard, je retourne dans le Raval pour le dernier film de Nabil Ayouch : Haut et fort / Casablanca Beats علّي صوتك. Après Much loved et Razzia, vus en dépit de la censure alors que je vivais à Tanger, c’est à la FilmoTeca de Barcelone que je retrouverai la darija et l’énergie contagieuse du rap marocain.

Casablanca Beats

Dans ce quartier de Casablanca, la rage aveugle du terrorisme prit racine dans le terreau du racisme, de la pauvreté et de l’humiliation. Des années plus tard, c’est l’encre de leurs chansons qui arme le bras de la jeunesse. Les voici sur le tapis rouge du Festival de Cannes 2021 ; c’est la première fois que l’équipe de rappeurs, comédiens, chanteurs, danseurs du film sort du Maroc (on imagine les sueurs froides des diplomatiques officiels français…) J’adore ! Les eunuques de la critique peuvent écrire ce qu’ils veulent, il n’en reste pas moins que les jeunes ont parlé. Car Haut et fort est un film sur la transmission, ou comment donner les outils de l’émancipation. (Malraux disait que la culture doit aller vers les gens ; Mimi le pensait aussi en amenant la musique de l’Upper West Side à la Lower East Side.) Il y a le Bronx de Get Down, la Darna de Tanger, il y a du May B et des Indes galantes aussi…

Pour moi, Casablanca, c’est une bière à Dakhla, le Musée du judaïsme marocain et les Habous, une immense ville encombrée, une ville qui court, où, pourtant, il subsiste de ci, de là quelques îlots de tranquillité qu’on peut aisément découvrir en marchant. Une médina qui grouille dans les fumées des grillades et le parfum du thé à la menthe, et dans laquelle on s’attarde.

Casablanca, c’est une grande mosquée sur l’eau, comme le veut l’écriture : « le trône de Dieu était sur l’eau ». C’est du poisson, badigeonné de cette sauce verte que j’aime tant, qu’on mange avec les doigts. Et le vieil Hamid, s’émerveillant de ma gourmandise, qui me glisse une autre assiette de sauce. Casa, c’est une bouche chaude, un royaume des douceurs, un atei b na3na3 dans une lumière qui s’étouffe, dans une ultime explosion de roses, de rouges. Une mosaïque colorée…

Casa, c’est tout ça :

#Back2Africa De Tanger à Casablanca

#InAfrica Au Maroc, détail d'un mur couvert d'une mosaïque colorée © 2019 Gilles Denizot

#HolaBCN Casa la jeune


En savoir plus sur de ci, de là

Subscribe to get the latest posts sent to your email.