#SilentSunday Passepied

Urbanisme tactique, en jaune, bleu ou vert.


Une rue de Barcelone, ornée de motifs peints en vert avec une plaque d’égout circulaire, tandis que les ombres des arbres tombent gracieusement sur le trottoir… #SilentSunday Passepied

Une rue de Barcelone, ornée de motifs peints en vert avec une plaque d'égout circulaire, tandis que les ombres des arbres tombent gracieusement sur le trottoir... #SilentSunday © 2024 Gilles Denizot
#SilentSunday à Barcelone © 2024 Gilles Denizot

Au sortir du cours Humanitats i Salut, je changeai de chemin pour profiter du soleil automnal. Les ombres des arbres tombaient gracieusement sur le trottoir. Elles s’unissaient aux motifs peints en vert : des chevrons, des points et des lignes. Elles dansaient autour d’une plaque d’égout circulaire, rescapée (ou ignorée) de la politique de composition urbaine à Barcelone.

Alors, je m’arrêtai un instant pour observer la scène. Je pensai aux adaptations successives et inévitables de notre espace de vie, de notre culture en général. Ou comment inclure les arts dans un projet d’amélioration de la ville, pour le bien-être de tous. Parce qu’une ville grandit, elle se réorganise. Que ce soit aux temps du choléra, de la fièvre jaune de 1821 ou de la covid, l’assainissement implique d’associer diverses disciplines. Dans les mains d’architectes tels que Antoni Rovira i Trias ou Ildefons Cerdà, au XIXᵉ siècle, Barcelone connut même sa Renaixença.

En 2020, le plan de mobilité provisoire post-covid transforma une partie des chaussées en zones piétonnes (en jaune) et couloirs réservés aux bicyclettes (en bleu). Il s’agissait à court terme de « faciliter la mobilité publique et non polluante » et aussi, selon les circonstances, « à des fins récréatives et d’interaction sociale, ainsi qu’à pallier le déficit d’espaces verts ». Janet Sanz, deuxième adjointe au maire et conseillère à l’urbanisme, à l’écologie et à la mobilité de la ville de Barcelone, décrivit ces actions comme « un exemple d’urbanisme tactique ». En d’autres termes, « une réponse éphémère à une série de problèmes très spécifiques qui nécessitaient une intervention rapide et, si possible, bon marché ».

Dans mes écouteurs, soudain, le mouvement final de la Suite bergamasque de Debussy (1905). Passepied, allegretto ma non troppo en fa dièse mineur, sautille joyeusement sous les doigts de Fazil Say. Les staccati accompagnent à ravir les ondulations des branches et les ombres masquées qui jouent au travers. C’est cette même pièce que le compositeur japonais Isao Tomita adapta en 1974. Les sons du piano furent repeints en teintes électroniques, parmi lesquelles se glissent des sifflotements, comme le ferait un flâneur qui se souviendrait d’un thème musical.

Clic, la photo #SilentSunday est toute trouvée…

Une rue de Barcelone, ornée de motifs peints en vert avec une plaque d'égout circulaire, tandis que les ombres des arbres tombent gracieusement sur le trottoir... #SilentSunday © 2024 Gilles Denizot

#SilentSunday Passepied

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