Clap !
C’est aujourd’hui qu’aura lieu l’avant-première de Saturados/Saturats, le court-métrage dans lequel j’ai joué… #HolaBCN Alors, saturés ?
Après être monté sur la scène du Teatre Lliure face à María Hervás, je serai sur l’écran des Cinemes Girona ce soir.
Comment ? Un film en espagnol ? Les fidèles de ce journal l’auront appris en août, quand je racontai comment j’avais obtenu ce rôle.
À la fin septembre, je retrouvai le réalisateur Pau Dalmau et son équipe, dans un bel appartement de Gràcia. La feuille de service avait été – comme on l’imagine – modifiée à la dernière minute. En ouvrant les paupières après une petite sieste, je constatai une avalanche de messages sur mon téléphone :
Gilles, pourrais-tu venir plus tôt ? La lumière est si belle…
D’ordinaire, ce genre de péripéties m’aurait agacé. En Inde, je me souviens avoir été convoqué en pleine nuit pour enregistrer une chanson de A.R. Rahman, sans même avoir reçu la partition. J’avais promptement refusé, et le film s’est fait sans moi. Cette fois-ci, j’avais mémorisé mon texte (coécrit avec la Mercè sur une idée de scénario de Pep Llenin et Pau Dalmau) et j’étais prêt. « D’accord, donnez-moi une petite heure, j’arrive ! » Je sautai sur un vélo et filai jusqu’à Gràcia.
L’équipe s’affairait comme dans une ruche pour mettre la touche finale au décor et ajuster les caméras. Il faisait chaud, le soleil aveuglait à travers les immenses fenêtres. Tiens, la dernière scène d’All The Way Through Evening avait aussi été tournée devant une baie vitrée aux tentures blanches, dans un atelier glacial à Brooklyn. Cette fois, dans la chaleur de Barcelone, j’attendais tranquillement que tout soit prêt, puis je m’assis sur le canapé, ouvris le gros livre qui allait me servir d’accessoire et répétai les gestes pour les affiner, les fluidifier.
Enfin, le clap retentit. Action !
Nous fîmes un premier essai. Le silence qui avait été requis, soudain se transforma. L’équipe, déjà attentive, semblait captivée par ce personnage de conteur d’histoires, au débit de plus en plus rapide jusqu’à s’en étrangler. Changement de caméra, nouvelle prise, éponger le visage, ajuster les projecteurs demandés par le directeur de la photographie pour mêler leur lumière à celle du soleil, nouvelle prise, les dernières répliques font saturer les niveaux sonores, éponger le visage pendant qu’on déplace la perche et son micro principal, nouveau cadrage tandis que j’assimile les dernières consignes de jeu, nouvelle prise… J’aurais fait ça durant des heures, mais très vite, trop tôt, j’entendis le réalisateur annoncer que c’était dans la boîte.
Fin.
Ce soir-là, je notai dans mon journal :
Silence. Ils m’écoutaient. Ça m’a touché.
Relever le défi et réussir. Se voir soi-même.
La première de Saturados/Saturats était prévue pour février 2025, à la FilmoTeca, mais il faut croire que les cadeaux sont déjà sous le sapin, prêts à être joyeusement déballés…

#HolaBCN Alors, saturés ?
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