Des dauphins au lever du soleil, majestueux, sur le Fleuve Casamance, le souvenir de Sonja et sa présence insolite sur le pont du bateau
La passe d’entrée du Fleuve Casamance, celle qui causa tant de frayeur à Muriel et son équipage sur Kangaroo un jour de décembre, elle est là ! La navigation dans cette région est délicate, pour les catamarans comme pour les ferrys : le 26 septembre 2002, le Joola sombre au large de la Gambie… #Off2Africa 45 Ziguinchor Casamance
Selon le décompte officiel des autorités sénégalaises, 1863 des 1928 passagers et hommes d’équipage embarqués ont trouvé la mort ou ont été portés disparus dans le naufrage de ce navire dont la capacité d’embarquement était limitée à 536 passagers et 44 hommes d’équipage. C’est plus que Le Titanic, mais Hollywood ne consacrera aucun film à cette tragédie. Le Joola, l’ancre du souvenir témoigne, lui, du scandaleux classement sans suite de l’enquête.
Je m’étais assoupi sur le pont du ferry, à la belle étoile, bercé par les moteurs, les vagues, le vent. Au réveil, joyeusement accompagné par les dauphins, j’ai assisté avec émerveillement à l’entrée dans le Fleuve Casamance :
L’île de Karabane à tribord (La Mum’s vient de sourire), le soleil se lève. Une véritable féérie :
Dans The Innocents Abroad, Mark Twain écrira :
Travel is fatal to prejudice, bigotry, and narrow-mindedness, and many of our people need it sorely on these accounts. Broad, wholesome, charitable views of men and things cannot be acquired by vegetating in one little corner of the earth all one’s lifetime.
Désormais, l’horizon est en panorama, à perte de vue. Ce spectacle vous ouvre le cœur, il vous transporte, il vous exalte. Chacun regarde au loin, vers l’infini. Une fébrilité bien naturelle se fait sentir parmi les passagers ; Ziguinchor est proche.
Je pense à Sonja, à son sourire – certainement – en découvrant cette région du monde. Ma dai… com’è bella questa Casamance ! Et comme par enchantement, je remarque une femme assise sur un banc du pont supérieur :
Elle a un air de ressemblance avec Sonja, je prends en tout cas cette vision comme un signe :
Ceux qui sont morts ne sont pas morts… les morts ne sont pas sous la terre. Ils sont dans l’ombre qui frémit. Ils sont dans l’eau qui coule. Ils sont dans l’eau qui dort. Ils sont dans la case, ils sont dans la foule. Les morts ne sont pas morts.
Bigaro Diop, 365 Pensées de sages africains, Danielle et Olivier Föllmi, Éditions de la Martinière, Paris, 2005
Nous longeons à présent la côte et les abords de la ville. Je distingue un bâtiment blanc, tout en longueur, face à l’eau. Je m’y sentirais bien… Le ferry se prépare à jeter l’ancre au port de Ziguinchor, c’est le branle-bas dans les coursives :
Je pose enfin le pied sur la terre de Casamance ! Il règne un calme bienfaisant, les habitants déambulent avec bonhomie, les maisons rappellent le passé de ce comptoir commercial. Le grand arbre aux oiseaux est proche, une porte s’ouvre sur un patio ensoleillé, des femmes y lavent des draps blancs : j’ai retrouvé le bâtiment vu depuis le bateau. La chambre 11 me conviendra parfaitement, la moustiquaire qui pend du plafond donne un charme suranné au lieu et le balcon surplombe le majestueux fleuve.
J’ai pris mes quartiers à Ziguinchor…
#Off2Africa 45 Ziguinchor Casamance
Lundi 9 janvier 2017
Durant #Off2Africa, j’avais pour habitude de ne partager qu’une photo par jour, sans légende.
Celle du jour figure en haut de ce récit ; en voici d’autres…
de ci, de là 