Ciel bleu de Barcelone ce matin, zébré de fumées #HolaBCN De la Norvège au Brésil © 2024 Gilles Denizot
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#HolaBCN De la Norvège au Brésil

J’aurais voulu dormir encore.


Il était tard, mais j’aurais voulu dormir encore… #HolaBCN De la Norvège au Brésil

Enfermer la fraîcheur de la nuit, la retenir. D’un trait de la main, lisser les plis du drap moite, d’un coup, ceux de l’oreiller.

Le bleu du ciel est une de ces peintures à l’huile riche sur laquelle on aurait apposé un panneau de verre, scellé par le cadre. L’éblouissement brûle sans prévenir. Les zébrures de fumée sont des violons stridents. Tout nuage sera pulvérisé, férocement.

Mais la lecture nous aspirera d’un trait, d’un poème de T.S. Eliot : The Waste Land (1922)

What are the roots that clutch, what branches grow
Out of this stony rubbish? Son of man,
You cannot say, or guess, for you know only
A heap of broken images, where the sun beats,
And the dead tree gives no shelter, the cricket no relief,
And the dry stone no sound of water. Only
There is shadow under this red rock,
(Come in under the shadow of this red rock),
And I will show you something different from either
Your shadow at morning striding behind you
Or your shadow at evening rising to meet you;
I will show you fear in a handful of dust.

Il figure, en traduction française, en exergue au billet de Fabien Ribery : Revenir au Nord.

Envie d’arnordir. Ce n’est pas une coquille. 

En langage des matelots boulonnais (Pas-de-Calais), arnordir signifie revenir au nord, par le vent.

Il s’agit donc d’un terme de navigation, une façon de négocier avec les courants et l’élément aérien, une façon aussi, peut-être, lorsque l’on est artiste comme Florian Maricourt, de composer des lignes de sens, de jeter des filets de significations, de préparer ses cases et casiers.

Alors, on pense à la Mum’s, on lui écrit, on partage avec elle ces phrases et ces images. Parce qu’elle sera toujours notre capitaine face à la grande mer :

Puis, on revient au poème d’Eliot pour y reconnaître quatre vers de Tristan und Isolde, ceux que le jeune marin lance au vent à l’acte I.

Frisch weht der Wind
Der Heimat zu
Mein Irisch Kind,
Wo weilest du?

D’un premier acte à un autre, d’une Norvégienne à une autre, demain, j’irai au Liceu. Après Kirsten Flagstad, Lise Davidsen, dans Wagner. Enfin ! La liberté des jumeaux-amants, Siegmund et Sieglinde sous la protection de l’épée Notung, la détresse.

Mais la lecture nous rattrapera, après arnordir, voici la maresia, ce nuage trouble flottant au-dessus des vagues de l’Atlantique Sud. (…) Une découverte en deux temps. D’abord son aspect onirique, puis son effet de déliquescence intérieure. Ce sont deux choses impossibles à séparer. C’est une vision de rêve visuel mais flou. (…) nuage d’humidité qui se glisse dans tes interstices à ton insu. Qui laisse l’extérieur net tout en rongeant l’intérieur, comme l’écrivain François-Lois Gautier, dont l’ordinateur, au bout de quelques mois seulement, a été rongé de l’intérieur par le sel marin.

De la Norvège au Brésil, grâce à la chronique de Baudouin Duchange (Prends ta dose, Capsule Culture pour Analphabètes Lettrés) :

« Il y a deux façons de vivre. Faire comme si rien n’était un miracle ou si comme tout était un miracle », citera l’écrivain deux mois avant sa mort.

Ciel bleu de Barcelone ce matin, zébré de fumées #HolaBCN De la Norvège au Brésil © 2024 Gilles Denizot

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