Le livre Freshwater posé sur la rambarde d'une fenêtre au soleil levant. Une cafetière et un verre de café posés à côté. #HolaBCN Eau douce © Gilles Denizot 2024
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#HolaBCN Eau douce

Cette tristesse ne quitte jamais vraiment tes yeux


Deuxième ouvrage au programme de mon club de lecture : Aigua dolça, dans l’édition en catalan ou Freshwater, édition originale, d’Akwaeke Emezi… #HolaBCN Eau douce

Reflets divers à travers la vitre, poutres, tableau orange #HolaBCN Eau douce © Gilles Denizot 2024
#HolaBCN Eau douce © Gilles Denizot 2024

Akwaeke Emezi, écrivaine non-binaire née en 1987 à Umuahia au Nigéria, est une personnalité nigériane, d’origine igbo et tamoule, installée aux États-Unis. Akwaeke Emezi se décrit comme « Nigériane, noire, trans et non-binaire ». Se vivant comme étant plusieurs, Emezi utilise le pronom they singulier en anglais. 

Avec ce premier roman, j’entre dans un univers que je ne connais pas. Mais, comme ce livre est un coup de maître en écriture, Freshwater peut se lire à travers divers prismes. L’exergue 

Pour les nôtres
qui ont un pied de l’autre côté

fait-elle référence à un pied dans le monde des vivants, un pied dans le monde des esprits ? Parle-t-on d’identité transgenre ?

Dès le premier chapitre, je commençai cette lecture sous l’angle des multiples personnalités, des multiples incarnations. Cette eau douce sentait le Tamil Nadu, des mondes aux températures hétérogènes, fluctuantes. Comme les origines d’Akwaeke Emezi.

J’ai vécu de nombreuses vies dans ce corps.
J’ai vécu de nombreuses vies avant qu’on ne m’y place.
Je vivrai de nombreuses vies quand on m’en sortira.

Eau douce, chapitre I

Au Nigéria, dans la cosmologie igbo, lorsqu’un enfant est dans le ventre de sa mère, il est façonné par des esprits qui déterminent son destin. Mais à la naissance de la petite Ada, les portes entre le monde des humains et celui des esprits se sont temporairement ouvertes, le temps pour ces derniers de s’immiscer dans le corps de la fillette et de s’y trouver bloqués. Un pied dans le monde des vivants, un pied dans le monde des esprits, Ada va ainsi grandir envahie par un cortège de voix qui vont se disputer le contrôle de sa vie, fractionnant son être en d’innombrables personnalités. Mais lorsque Ada quitte son berceau géographique pour faire ses études aux États-Unis, un événement traumatique d’une violence inouïe va donner naissance à un nouvel esprit, beaucoup plus puissant, beaucoup plus dangereux. Ce nouveau « moi » prend possession d’elle et se nourrit de ses désirs, de sa colère et de sa rancœur. La vie de la jeune fille prend alors une tournure de plus en plus inquiétante, où la mort semble devenir une séduisante échappatoire. Gallimard

On peut feuilleter ici le début du livre en français…

J’ai surtout aimé ces dialogues intérieurs, ces cacophonies inner speech que nous étudiions au même moment en Philosphy of Mind. Après avoir tourné la dernière page, j’ai offert le bouquin à ma prof, Marta Jorba. J’aime bien quand les livres vivent plus d’une vie…

En y pensant bien, j’aime bien aussi quand les billets vivent plus d’une lecture… Alors :

Le roman Freshwater avait été précédé d’une anthologie de poésie LGBTQ catalane intitulée « Amors sense casa » (Amours sans maison) dont je parlais ici :

et sera suivi par The Great Believers, de Rebecca Makkai, dont je parlais là :

Le livre Freshwater posé sur la rambarde d'une fenêtre au soleil levant. Une cafetière et un verre de café posés à côté. #HolaBCN Eau douce © Gilles Denizot 2024

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