Ciel blanc et soleil d'argent à Barcelone ce matin © GD24
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#HolaBCN Palette de couleurs

Un festival commence, un autre se termine. Ainsi va la vie.


La rétrospective Agustí Villaronga touche à sa fin, quand Wallay! le Festival de Cinema Africà de Barcelona 2024 a commencé à la FilmoTeca… #HolaBCN Palette de couleurs

Détail de l'affiche Wallay! le Festival de Cinema Africà de Barcelona 2024
Détail de l’affiche Wallay! Festival de Cinema Africà de Barcelona 2024

J’aurai manqué le film d’ouverture ; encore des embûches en chemin, j’ai préféré le rebrousser. Hier, même en prenant mon temps, je ne suis arrivé que quelques minutes avant le début de Mami Wata (C.J. Obasi · 2023 · 107′). C’est à croire que mes épisodes de colère m’arrachent de la réalité, que ma conscience explose et que trente minutes ne suffisent plus à un trajet qui n’en nécessite que dix. Assis sur mon siège habituel, j’étais en nage et la climatisation n’était pas encore rétablie. L’incident était survenu pendant The Fabelmans l’autre soir. On devinait la fumée, comme si un feu s’était déclaré dans la FilmoTeca. Une impression très étrange. Qui sait si un incendie aurait eu les mêmes conséquences que celui de l’Uphaar à Delhi… Je n’avais pu m’empêcher de l’imaginer.

Le vendredi 13 juin 1997, à Delhi, cinquante-neuf personnes périrent dans l’incendie du cinéma Uphaar. Catastrophe nationale en Inde, ignorée du reste de la planète (une brève en tout et pour tout dans Le Monde), ce désastre marqua le début d’un combat judiciaire inégal – qui dure encore à ce jour – entre les familles des victimes et les frères Ansal, milliardaires proches du pouvoir (la droite nationaliste venait alors d’y accéder), dont l’une des innombrables sociétés exploitait la salle détruite par le feu.

L’éclairage décline, le générique démarre. L’écran devient une toile laquée de noir, de blanc, et de toutes les ombres entre ces antipodes. La couleur ne surgira qu’à un seul moment. On pense aux sillons de ténèbre et de lumière que peignait Soulages. La photo de Mami Wata, signée Lílis Soares, est une œuvre d’art. On ne s’étonne pas qu’elle ait remporté le Prix Spécial du Jury au Festival Sundance. J’ai souvent évoqué la musique au cinéma, là encore une réussite. Une bande-son effectivement hypnotique dans laquelle coulent tant le ressac de l’océan que le silence abrupt, parfois parsemé de chants d’insectes.

Un Soulages africain sur les rives du Bénin

J’ai songé à mon itinéraire #Off2Africa qui aurait dû se prolonger après la Côte d’Ivoire. La route m’aurait emmené à travers le Ghana, le Togo, le Bénin (où fut tourné Mami Wata), le Nigéria que j’aurais tenté d’éviter (coproducteur avec la France et la Grande-Bretagne) et enfin, le Cameroun. Le ballet nocturne aux sons de tambours à Yoff, les colliers d’Aïda Nena à Gorée, la lumière sablonneuse du Lac Retba et la Maman Courage sur le rivage de Nouakchott me revenaient à l’esprit. 

Changement de décor une heure plus tard avec Incerta glòria (Agustí Villaronga · 2017 · 115′). Quoique… une histoire de guerre, de rivalités, de croyances, de femmes qui tentent de faire survivre leur progéniture. Nous partageons en réalité plus de similitudes que de différences, on l’oublie souvent. À vérifier dans les urnes européennes demain.

Tot Villaronga. Tot.

De l’intégrale Villaronga, je n’aurai pas tout découvert. Certains sujets sont au-dessus de mes forces, notamment Tras el cristal (1985 · 110′), même avec la présence annoncée de Marisa Paredes. 

Il y eut Al-Andalus: Las artes islámicas en España (1992 · 57′), un voyage dans la péninsule dorée en présence de Jaume Peracaula, chef photo ;
Pa negre (2010 · 108′), magnifique, en présence de la productrice Isona Passola ;
El rey de La Habana (2015 · 125′), un film que j’aime depuis longtemps, présenté par Josep M. Civit (directeur photo) et Luisa Matienzo (productrice) ;
Born a King (2019 · 109′) – que je mentionnais dans L’homme aux multiples mondes – introduit par… Josep M. Civit. Chef op’ sur les huit derniers films de Villaronga, il est incontournable.

L’invitée principale de ma deuxième séance hier est Núria Prims. Je la trouve bien meilleure actrice dans Incerta glòria qu’oratrice dans la salle Chomón. Quand on y pense, les interventions de ces personnalités n’apportent pas grand-chose tant le niveau est anecdotique. (Amos Gitai échappe à cette appréciation.) Enfin, l’écran s’ouvrit au plus large pour laisser place aux images de l’Aragon, pays de Susana, que je saluais depuis ce canyon aride au-dessus duquel tournoyaient des aigles.

En août 2023, le ciel et le soleil étaient alors d’or souillé, comme en Inde. Ce matin, tout est nimbé de blanc et d’argent. Il y a du vent, j’ai ouvert les fenêtres en grand, mes deux carillons éoliens tintent à tout-va. Je poursuis ma lecture du Murakami du moment, je feuillette furtivement After Dark (le prochain sur ma liste). J’ai toute la journée pour baigner dans cette palette de couleurs douces avant d’arriver au Nigéria avec All the Colours of the World are Between Black and White (Tunde Apalowo · 2023 · 93′) :

Toutes les couleurs du monde sont entre le noir et le blanc
Ciel blanc et soleil d'argent à Barcelone ce matin © GD24

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