Au menu, vichyssoise de calamars de collons
Vigileu amb l’esglaó les hordes de touristes low cost et fêtards stridents. Les plages, les rues, l’entrée de mon immeuble sont si sales que pour un peu, je me croirais de retour à Ojalá Chennai. Pendant ce temps, les campagnes de l’Ajuntament nous brainwashent consciencieusement (à défaut de nettoyer la chaussée)… Voici #HolaBarcelona juillet 2023
Le Grec accueille Sasha Waltz & Friends dans la 7ᵉ de Beethoven. J’y suis, la pluie aussi. Il n’a pas plu depuis des semaines, mais ce jour-là évidemment, c’est le déluge. En guise de ballet, les serpillères s’activent, mais le spectacle sera bref et non remboursé. Le lendemain, le réseau X pullule de commentaires élogieux, de photos semblables aux miennes, la pluie en moins. J’enrage. Nie mehr! Je prendrais ma revanche avec Sacre au Liceu en juillet… 2024 et j’ai déjà mon billet.
Au Liceu encore, une Incoronazione fait autant de bruit que celle que nous avions commise au KunstenFestivaldesArts (ce n’est pas rien, c’est la cheffe des majorettes à la très longue note qui vous le dit). Jordi Savall a bien du mérite de survivre à l’hallali de la critique eunuque ; depuis que je l’ai entendu nous parler le mois dernier, je suis convaincu que la Catalogne a produit là un de ses plus grands hommes (et il y en eut). Il faudra attendre plusieurs mois pour voir une autre production Calixto Bieito. Une Carmen libre ? Ya veremos, en janvier 2024. Le prix de mon abonnement a encore baissé, alors pourquoi pas ? Pour autant, les quatre ÒH!PERA en création ne sont pas inclus. L’an dernier, j’y avais découvert Marc Migó (que je croiserai et présenterai à ma mère dans les couloirs du Liceu, il a des projets, me confie-t-il et cela ne m’étonne pas. Ce soir-là, Jordi Savall dirigeait Midsummer Night’s Dream. Les grands esprits se rencontrent). Bref, les miniopéras démarrent (très) fort, poppers et fisting au bon goût Brokeback Mountain, et finissent (trop) fort, mais les tampons auriculaires oranges sont fournis au public…
Parapluie et protection auditive inutiles pour les concerts gratuits, du flamenco en rouge au parc Güell à l’oud à la fraîche de l’Ateneu. On y écoutera aussi de la poésie chère à Jaume Plensa dont nous avions vu le Macbeth au… Liceu toujours. Poésie vermouth de gala à Finestres avec deux très grands. Enric Casasses (que j’ai étudié à l’UPF) est devant moi, à la même table. Pour un peu, je téléphonerais à mon professeur pour qu’ils discutent de vive voix, entre poètes. Casasses nous lira le petit livre rouge de Max Jacob, dans sa traduction en catalan ; Visions infernals vit maintenant chez Mercedes à Paris. Max Jacob, lui, mourra en 1944 dans le camp de Drancy, aux portes de la capitale, avant d’avoir pu être déporté. Allons enfants de la patrie et joyeux 14 juillet surtout. Déglutissez, c’est de l’eau de Vichy. No pasaran? Le 23-J, ils auront quand même obtenu le plus grand nombre de voix, heureusement sans majorité absolue. On a eu chaud, c’est le cas de le dire. Incapables de s’entendre pour former un gouvernement, l’Espagne restera socialiste, mais suinte le sang. Je m’inscrirai à UPF Sciences Po pour étudier tout ça de plus près dès septembre. Sans attendre, j’émigre de X à Mastodon et perds des centaines de contacts le long de la route. La tranquillité est à ce prix. Le temps pour lire aussi, pour aller au cinéma, au parc.
Une bière à la Monroe et Vivim el barri à la FilmoTeca avec un groupe de jeunes et leurs courts-métrages. (On y reviendra.) Une autre bière au Parking Shakespeare avec Richard III, le même jour. (On y reviendra aussi.) C’est mon troisième spectacle en catalan au parc de l’Estació Nord et une bien belle fin de mois !
Dispute not with her: she is lunatic.
William Shakespeare, Richard III
de ci, de là 