#HolaBCN Fin des vacances
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#HolaBCN — Fin des vacances

Le temps a changé, la terre pressent la pluie et le départ des touristes…


C’était la nuit. Fenêtres ouvertes et ventilateur allumé, on n’en étouffait pas moins. J’appliquais ma technique de Chennai : rafraîchi par une douche brève, s’allonger détrempé et tenter de s’endormir aussi rapidement que possible. #HolaBCN Fin des vacances

Plus tard, mais d’un coup, un vent froid s’engouffra dans la chambre. Le courant d’air se coucha sur moi pour m’envelopper. J’eus presque un frisson, je ne rêvais pas, je venais même d’être soudainement réveillé. La température et le message qui l’accompagnait étaient indiscutables. Ce n’était pas encore la fin de l’été, mais certainement celle des vacances. La pluie tomberait, les touristes quitteraient enfin les lieux, et une vie normale pourrait reprendre.

L’été fut intense. Des mois qui n’en finissaient pas. Encore plus de gens et de bruit. Une lourdeur qui ankylose, qui assomme des heures durant. Un feu qui brûle le bâtiment en métal. Deux nouveaux records historiques furent atteints : un pic de chaleur à 38,8 degrés et l’eau à 28,5 ºC. (Les méduses s’en sont données à bride rabattue). À choisir, je préfère la canicule au manque d’air. Les fenêtres sont donc toujours ouvertes et laissent parfois entrer un peu de fraîcheur.

un écran de cinéma, l'image d'une femme penchée à sa fenêtre.
Nuits de Chine, nuits câlines

Par chance, Barcelone compte 227 refuges climatiques officiels. Ce fut l’opportunité de multiplier les expositions au frais et en silence, les films en VO et AC, les bibliothèques et l’exploration approfondie du rayon des surgelés.

Avant une séance à la FilmoTeca, je suis allé visiter leur exposition El somni de la llebre. El cinema de Luis Buñuel i Gabriel Figueroa. Je pousse la porte, l’espace est plongé dans la pénombre, il y fait brusquement froid. Des écrans découpent une diagonale, on y projette des extraits de films, de chaque côté. Sur la droite, quelques chaises et de grands matelas remplis de billes. Je me suis étendu, j’ai croisé les jambes et me suis laissé bercer par la succession d’images en mouvement. J’étais absolument seul et personne n’est jamais entré.

Le Museu de la Música m’offrit une expérience similaire avec The Disintegration Loops 1 de William Basinski. La pièce était capitonnée de rouge. Alors, je me suis replié dans ses recoins pendant que les sons coulaient. Quatre-vingt-quinze minutes de calme absolu.

Après l’expo, le film. Ce jour-là, le choix se faisait entre Strangers on a Train et La Règle du jeu J’avais déjà vu les deux, Renoir eut ma préférence.

Si j’attribue la palme du meilleur refuge climatique à la FilmoTeca (avec bière gratuite à la Monroe certains jours), la García Márquez a été élue meilleure bibliothèque publique du monde par l’IFLA. Elle le mérite largement et je suis plutôt content de la savoir dans mon district de Sant Martí.

Enhorabona!

En 1967, Gabriel García Márquez publia Cien años de soledad. L’année de ma naissance vit aussi le Summer of Love puis l’assassinat de Che Guevara. Mais, durant #Off2Sudamérica, l’écrivain colombien croisera Krishnamurti dans un restaurant végétarien de Bogotá. Ils y parlèrent de café

Cet été, j’ai lu avec gourmandise et repris goût aux romans. Depuis le confinement, je lisais surtout des poèmes. Chacun me semblait une fenêtre ouverte sur un monde nouveau et éphémère, suffisamment léger pour me porter, me faire rêver. Un jour, Muriel m’a offert Variations de Paul (sixième roman de Pierre Ducrozet, chez Actes Sud). Page à page, j’ai traversé cette épopée du son sur trois générations. Un livre passionnant, sensoriel, exaltant que j’ai hâte de relire.

La pluie tombe maintenant sur la ville. La terre sent la fin de l’été. Bientôt, il sera temps de lire Indian Summer de Jaume Subirana, mon professeur de littérature catalane (La hac. Barcelona: Edicions 62, 2020.)

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