Un livre de poésie catalane au soleil couchant sur la plage de Barcelone © Gilles Denizot 2024
#holabarcelona, espagne, histoires

#HolaBCN Deserts

Il n’y a pas mieux, pour tenir bon, que la belle poésie des troubadours au soleil couchant.


Quand on ne tient plus, il faut s’évader, sauter sur un vélo et pédaler en direction de la plage, pousser au plus loin de la jetée et ouvrir un livre… #HolaBCN Deserts

C’est précisément ce que j’ai résolu de faire ce soir, pour échapper aux cris des voisins.

Je n’arrive plus à me concentrer. Il faut dire que la musique techno d’un côté en journée, et de l’autre en soirée, ne fait pas bon ménage avec la lecture. Je deviens de plus en plus irrité, anxieux, agressif, probablement déprimé. Le cœur qui bat la chamade, même au réveil. Ces attaques me plongent dans l’incompréhension, je me sens impuissant et handicapé face à des tâches basiques comme la parole et la communication. Même écrire devient difficile.

Je n’y arrive plus. Je sens que je lâche prise.

En estrany lloc i en estranya contrada,
lluny de tot bé, fart d'enuig e tristor,
ma voluntat e pensa caitivada,
me trob del tot en mal poder sotsmès

e soi guardats enclòs, ferrats e pres,
de què en fau grat a ma trista ventura.

Alors, assis au bord de l’eau, je me suis plongé dans ce poème de Jordi de Sant Jordi (ne dirait-on pas un lointain parent de Madame Jorre de Saint Jorre, au Collège Calvin ?) Je l’ai lu et relu, silencieusement (enfin) et à haute voix. Les mouettes rôdaient autour des pêcheurs, les vagues s’écrasaient contre les blocs de béton.

Eu hai vist temps que no em plasia res,
are em content de ço qui em fai tristura,
e los grillons lleugers ara preu més
que en lo passat la bella brodadura.

Le soleil s’en alla. Les paroles en tête, je laissais Raimon me les chanter…

Raimon, Deserts d’amics

Et à la tornada, un envoi de ces quelques lignes, pour me prouver que je suis encore là.

Un livre de poésie catalane au soleil couchant sur la plage de Barcelone © Gilles Denizot 2024

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