Des capucines poussent autour d'un tronc d'arbre, au coin d'une rue de Barcelone ©GD24 #HolaBCN Madeleine nippone
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Des moments brûlés, de la pellicule Super 8 aux couleurs délavées par le temps.


Le cycle Naomi Kawase a démarré à la FilmoTeca… #HolaBCN Madeleine nippone

Cycle Naomi Kawase à la FilmoTeca de Barcelone

C’est le portrait en triptyque d’une grand-mère qui cultive son lopin de terre. C’est la chronique insistante, mais empreinte de tendresse infinie d’une petite-fille. Ce sont des miniatures nippones, qu’il pleuve, neige ou fasse soleil. Les petits pois de la récolte passée qui retrouvent leur lit dans la plate-bande ; la grand-mère les cueillera en mai, quand la petite-fille fêtera son anniversaire. Gare au chat qui passera pour faire ses besoins. Il y aura aussi des bulbes énormes de dahlias, issus d’un unique exemplaire planté trois ans plus tôt.

Comme dit Naomi Kawase : "Regardez le ciel" (天、見たけ, Ten, mitake) ©GD24
Comme dit Naomi Kawase : « Regardez le ciel » (天、見たけ, Ten, mitake)

– Regarde la caméra !
– Tu es encore trop près. Je dois travailler. Tu me déranges. Tu as assez filmé.

Rires (La grand-mère rit souvent.)

Quelquefois, elle s’empare de la caméra et filme la jeune fille, en réalité sa fille adoptive. Qu’importe, le lien est tangible, même si la mère adoptive se risque à dire :

– Je ne sais pas comment te le demander, mais… tu m’aimes ? J’ai fait en sorte de bien t’élever. Je ne te vois pas parfois pendant dix ou vingt jours d’affilée. Tu ne dors pas assez. Tu dois mieux te nourrir.

Son regard reste pourtant aimant, mutin et plein d’espoir. Elle a 80 ans, elle dit qu’elle deviendra centenaire, profitant pour cela des années perdues de ses frères, morts trop jeunes.

Évidemment, mais c’est bien sûr ! J’aurais dû y penser… Naomi Kawase est la réalisatrice de ce film au bon goût de haricots rouges, Les Délices de Tokyo (あん, An, 2015). La FilmoTeca l’a programmé deux fois durant le cycle, j’irai probablement le revoir… deux fois ! J’avais adoré l’histoire de cette vieille dame qui insiste pour confectionner les dorayakis selon sa recette ancestrale, malgré ses mains déformées autrefois par la lèpre.

Par ici les dorayakis !

Dans un cageot, Grand-Mère Uno Kawase a planté des azalées, des freesias et des violettes. J’ai tendu l’oreille pour saisir la prononciation du mot violette, qui se dit sumire en japonais. Sumire, c’est le prénom d’un des personnages de Sputnik Sweetheart (スプートニクの恋人, Spūtoniku no koibito, 1999), le neuvième livre de Haruki Murakami et une surprise pour qui cliquera sur le lien… J’en suis depuis un moment au dernier chapitre. Je laisse traîner, parce que je pressens un dénouement merveilleux. Surtout, je n’ai pas encore le prochain ouvrage. Je vais donc devoir faire le jeûne et me concentrer sur d’autres lectures. Je passerai plus de temps du côté de chez Swann, l’alternative du moment. Là aussi, il y a ce lien affectif filial, ces descriptions tendres de la grand-mère maternelle du narrateur. J’aime quand il la croque se promenant sous la pluie, le soir après dîner, alors qu’au petit salon sont servies les liqueurs, interdites au grand-père…

De petites choses qui rendent la vie suave et moelleuse. Des moments brûlés, de la pellicule Super 8 aux couleurs délavées par le temps. Un robinet qui goutte dans un récipient en métal, tandis que la grand-mère arrose son jardinet. Le cycle Naomi Kawase a démarré à la FilmoTeca…

Escargot (かたつもり, Katatsumori)
Des capucines poussent autour d'un tronc d'arbre, au coin d'une rue de Barcelone ©GD24 #HolaBCN Madeleine nippone

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